La quête du record personnel du nombre de pays que l’on visite m’exaspère. Je vous explique pourquoi. “Après avoir visité plus de 100 pays, je peux dire que j’ai de l’expérience”. C’est l’une des phrases “record” que j’ai pu lire récemment et c’est certainement celle de trop, celle qui m’a fait rédiger cet article. Le blogueur en question s’exprimait sur les 10 pays qu’il avait le moins aimé. Nombre de clichés y étaient relatés sur les capitales, à croire qu’il n’avait pas mis les pieds dans le pays. “La Bosnie, c’est nul, Sarajevo, c’est triste et pesant à cause de la guerre” .
Et ce record personnel à sans cesse dépasser, ils sont nombreux à le clamer sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, je traverse mon 53ème pays, yeah! Le nombre de pays visités rythme une course effrénée à la quête du “tout voir, tout tester, tout cocher”. Ce n’est pas pour rien que les cartes du monde à gratter font un carton…
Ce qui m’étonne énormément, c’est que globalement, les voyageurs sont des gens ouverts sur le monde et en quête de découvertes. Ils aiment la nature, les paysages de ouf, les randonnées ou encore la découverte. Ils clament régulièrement leur affection pour les régimes bio, alternatifs, le Do It Yourself. Puis, ils font gaffe à notre planète. Bref, ils ont tout pour me faire kiffer !
Une fois le voyage en question, les bonnes intentions s’envolent
On oublie que l’avion détruit l’environnement, le tourisme de masse aussi. On part du principe qu’il vaut mieux aller voir un lieu avant qu’il ne soit détruit – envahi – pollué – détérioré – cassé par le tourisme de masse, comme c’est le cas souvent pour Venise ou encore l’Islande. Alors, on veut tout voir avant qu’il ne soit trop tard, accélérant ainsi ce “trop tard”. Wow, le cercle vicieux un peu !
Cette quête du record chiffré à tout prix m’échappe. Si on me demandait combien de pays j’ai visité actuellement, je serais incapable d’y répondre spontanément. D’ailleurs, il me faudrait mener une telle réflexion que je ne saurais donner un chiffre précis. Alors, hum, j’ai visité Dublin, il y a 10 ans, pendant deux jours. Il a plu tout le temps que j’y étais, alors, on est resté à l’appart’ du pote que l’on avait rejoint. Puis-je dire que j’ai “fait” l’Irlande ? Oui, parce qu’au-delà de voir, on “fait” aussi les pays (autre vaste sujet).
Le voyage perd tout son sens si on doit le chiffrer !
Dans un sens, c’est génial que “tout le monde” puisse voyager. C’est génial que l’on soit si connecté et que les billets d’avion soient si accessibles. Le voyage n’a plus rien de luxueux et c’est tant mieux. Seulement, voilà, je ne comprends pas pourquoi il faut forcément partir pour des destinations lointaines, juste pour cocher une case dans sa to-do-list.
Qui dit chiffre et record, dit des délais à respecter. On dénombre environ 200 pays dans le monde. Oui, un Etat, c’est un concept flou, alors je ne me risque pas à donner un chiffre exact. Imaginons donc que vous vouliez faire tous les pays du monde, il vous faudra vous y mettre.
À moins de ne faire comme Cassie (oh non, pas elle, je m’étais jurée de ne jamais en parler, rooh et puis zut). Cette fille a pourri mon feed Facebook pendant plusieurs semaines. Cette américaine, auto-proclamée égérie de la paix, fière d’avoir battu un record de “j’ai fait tous les pays du monde en un an et demi”, est partie demander aux afghans s’ils aimaient les américains. Oui, je vous jure que c’est vrai, elle en a même fait une vidéo! Moyenne du nombre de jours par pays : 2,5. Si on parle de chiffres donc, ça ne fait pas beaucoup de temps pour visiter, rencontrer, découvrir, capter, s’imprégner de la culture. Bref, voyager quoi.
En fait, ce qui m’inquiète, ce n’est pas tant cette fille. Ce qui m’inquiète, c’est le buzz qu’elle a fait, avec de nombreux articles vantant clairement son exploit. Un exploit ? Sérieusement ? Franchement, ce que je trouve admirable, c’est son côté business. Elle a réussi à lever une somme astronomique auprès des marques pour son projet. C’est là, son exploit. Le reste, c’est du marketing et des heures de vol.
Pourquoi vouloir remplir une check-list ?
Ai-je visité la France ? Pas du tout ! J’ai pourtant fait un tour de France pour mon ancienne boîte, je suis passée dans près de 30 villes. J’ai visité, un peu, à chaque fois. Je suis aussi allée en vacances par ci, par là. Je l’ai traversée 3 fois à vélo, y ait parcouru 10 000km entre l’EuroVelo 6, la Vélodyssée, la Scandibérique, la Véloscénie, l’Avenue Verte, etc., etc. Pourtant, il me semble que la France est un pays mixé, varié, où les cultures évoluent. Entre la Bretagne, l’Alsace et la région PACA, je crois que l’ambiance est très différente. Et ne parlons pas de Paris, qui, comme toutes les capitales, concentre une culture bien à part, incomparable avec le reste de la France. Donc, non, je ne la connais pas !
Si je donne volontairement la France comme exemple, c’est parce que cette diversité que l’on connaît tous, vous la retrouvez ailleurs. Dans tous les pays. Sauf s’ils sont petits, comme le Vatican ou Monaco. Globalement, les anglais sont différents des écossais. Les bavarois ont clairement une culture qui leur est propre. Les “gens de la côte” n’ont rien à voir avec les montagnards. Les italiens du nord ne comprennent rien quand les siciliens parlent. L’expérience d’un pays ne peut donc pas se résumer en quelques jours. J’ai vécu 4 mois en Espagne, je n’arriverais même pas à mettre ce pays dans ma check-list si je la tenais, tellement j’ai l’impression qu’il y a tant à découvrir encore !
Finalement, pourquoi vouloir tout faire, maintenant, tout de suite ?
Pourquoi cette course frénétique au record personnel ? Qu’est-ce-qui nous pousse à chercher à faire tant de choses ? Je pense que ce sont les images que l’on voit passer assorties à l’accessibilité financière et à notre curiosité. Oui, tous les pays donnent envie et désormais, tous sont partagés sur les réseaux, diffusés largement dans les médias. C’est magique, les paysages ou les villes nous donnent qu’une envie : prendre un billet d’avion pour partir les découvrir. Même si, souvent, la réalité est différente et que l’on se retrouve au milieu d’une masse de touristes venus faire comme nous.
Il y a cette impression que si on ne le fait pas maintenant, ça n’arrivera jamais. Je le ressens beaucoup dans les paroles des voyageurs avec qui nous échangeons. Un an de break à consommer des paysages avant de reprendre le cours de nos vies ! Je dirais qu’il vaudrait peut-être mieux faire un grand voyage, une fois de temps à autre, pour prendre le temps de s’imprégner d’un pays. J’ai conscience que ce n’est pas toujours compatible avec les vies de chacun et que c’est un discours de privilégiés. Toutefois, nous avons beaucoup trop appris à envier les destinations lointaines.
En voyage à vélo, même en étant lent, même en vivant les moments où les cultures se mixent, même en restant en Europe, on se prend des chocs culturels. Ça m’est arrivé en Albanie, où, quelques kilomètres après avoir passé la frontière, j’ai réalisé qu’aucune femme n’était aux terrasses des cafés de la ville où nous nous trouvions. J’étais complètement perturbée. Ai-je le droit de m’asseoir ? Je précise, je ne dis pas que le voyageur à vélo vaut mieux, que le voyage à vélo est le meilleur moyen de voyager, loin de là. Nombre d’entre nous recherchent également la performance et calculent tout ! Toutefois, la lenteur nous pousse forcément à visiter des lieux étonnants et à ressentir ces changements.
Alors, amis voyageurs, s’il vous plait, ralentissez !
Découvrez votre pays, les pays limitrophes et quand vous voyagez loin, prenez votre temps. Puis, si vous n’avez pas le temps de tout voir sur votre to-do-list, ce n’est pas grave. Chaque voyage réserve, heureusement, son lot de belles surprises ! Finalement, les meilleurs souvenirs de mon tour d’Europe sont déjà les lieux où nous étions loin des touristes. Je ne suis pas là pour donner des leçons, toutefois, j’aimerais que notre belle planète puisse nous accueillir encore longtemps. Et on ne part pas dans le bon sens avec ce sur-tourisme, cette philosophie du record.
Et vous, qu’en pensez-vous de tout ça ? Vous trouvez aussi que le monde va trop vite, au risque d’exploser ?
Aller plus loin
Destinations vélo
Tant de vérités dans cet article …
Dans notre époque, tous les facteurs se conjuguent pour produire ce résultat:
1) Plus de revenu disponible (pour les classes moyennes) car la bouffe et le logement ne représentent qu’environ la moitié du budget. Le reste c’est pour consommer des produits produits en masse et des loisirs (dont les voyages).
2) On ne paie pas l’énergie au vrai coût puisqu’on considère que le prix du pétrole, du gaz est celui de son extraction et de son traitement industriel. C’est le même raisonnement qui a permis aux colons australiens, brésiliens, américains etc. de s’accaparer les terres des habitants indigènes.
3) Grâce aux moyens actuels, on en arrive à créer des sentiments de besoins là où il n’y en avait pas (cf crise migratoire). Les styles de vie s’harmonisent et alors qu’on se satisfaisait de ce qu’on avait, on devient plus exigeant en connaissant ce que d’autres ont. De nouveaux besoins se créent et avec eux des marchés. Le besoin de voir le monde n’a jamais été aussi grand et surtout aussi diffusé. Plus d’envies. La satiété est inatteignable.
5) La tyrannie de la simplicité, la fausse illusion de pouvoir tout réduire à des classements. On ne compte plus les “10 plus belles routes du monde à vélo”, “les 6 destinations immanquables ce printemps”, “les 30 meilleures maternités” etc. (il y en a sur ton blog). En plus, ont lit FB sur son téléphone donc il n’y a pas la place pour lire confortablement un article ou un commentaire plus long (comme celui-ci 😉 ) Donc on s’en tient à des communications simplissimes qui poussent inévitablement les masses à l’appauvrissement, à l’accélération (individuellement, on garde toujours le choix).
Pas étonnant donc qu’à la fin, nos concitoyens recherchent à “faire” des destinations à l’arrache, jugent une ville de manière simpliste sans vraiment connaitre, évaluent leur réussite sociale par la comparaison avec un nombre grandissant de personnes.
On a l’impression d’une croissance infinie mais on ne pense tout ça que parcequ’on détruit et pille les actifs naturels et immatériels de notre maison commune. Quand ils auront baissé sous les seuils critiques et que les nuisances atteindront des niveaux vraiment insupportables, on verra ce qui se passera… A moins qu’on change très vite de paradigme…
Aaaah que répondre à cela ? C’est effectivement un très long discours ici et il y a beaucoup de points qui ont été levés !
Concernant le besoin et le voyage, je suis tout à fait d’accord. D’autant plus que la masse vient désormais d’un peu partout avec ces prix du billet d’avion. J’ai discuté avec beaucoup de voyageurs qui étaient sincèrement et véritablement persuadés qu’un petit vol en avion, ça ne consommait pas tant que ça, notamment parce que l’on est nombreux dans l’avion! Ce qui est d’ailleurs hyper faux selon de nombreuses études (que je n’ai pas le temps de rechercher à nouveau).
Je pense qu’il y a donc au delà de tout ça, un manque d’information et de conscience générale complète. Ça rejoint donc ton propos lorsque tu évoques le prix que l’on paie, qui est largement en-dessous du coût réel.
En ce qui concerne l’impact des articles simplistes, je pense qu’il est assez limité. Les réseaux sociaux étant un lieu de divertissement, ce type d’article n’est pas souvent pris à la lettre, loin de là. En revanche, les posts Instagram ont une influence bien plus forte sur les gens. D’ailleurs, les lieux instagrammables sont ceux que l’on doit voir. J’admets même que Instagram m’a emmené dans plusieurs endroits. Et ce qui me parait fou, c’est le nombre d’interactions que l’on arrive à obtenir avec le “cliché” du “lieu instagrammable” en question. Ça en dit long sur l’uniformité des tendances. Exemple : la photo typique de Montmartre, la Tour Eiffel, les Cinque Terre = carton assuré, Florence, Venise (encore mieux si on chope le coucher de soleil)… etc.
Bref, il y aura beaucoup d’évolutions dans les prochaines années. Nous verrons bien !
Mais oui !
J’ai lu avec attention ton article et nous sommes tout à fait sur la même longueur d’onde.
Il me semble urgent de remettre de telles valeurs sur le devant de la scène : voyager près de chez soi, prendre le temps, s’aventurer hors des grandes routes et penser, lorsqu’on prend un vol à son impact écologique. Si je pars loin, ce qui m’arrive rarement, c’est minimum trois semaines sur place, d’abord parce que ça fait sens économiquement et ensuite parce que tout billet a un coup environnemental.
Et comment je choisis ma destination : au hasard, par intuition plus que par envie absolue de voir quelque chose sur place. Au contraire, j’aime ne rien savoir d’où je vais 😉
Je vois que l’on est sur la même longueur d’onde et ça me fait plaisir de me rendre compte que dans la communauté des blogueurs, de nombreuses personnes sont responsables ! 🙂
Maintenant, il n’y a plus qu’à attendre patiemment les avions solaires et les voitures qui roulent à l’eau de pluie 😉
Bonjour !
j’ai vu ton article sur Facebook et je me permets de commenter…
Je suis d’accord avec toi sur certains points mais pas totalement.
Je n’aime pas non plus la course aux pays et la surenchère aux checks lists.
Je n’achèterai jamais de cartes à gratter je crois, car l’effet pervers va faire en sorte que les gens ne fonctionnent plus que pour ça. Or, parfois, en vacances ou pour notre prochain voyage, on a aussi envie de retourner dans un pays qu’on a bien aimé. Et avec cette course au chiffre, faut jamais faire ça, c’est se griller une occase de mettre un nom en plus.
Donc non, j’aime pas cette concurrence non plus.
Cela dit, je crois que voyager c’est pas non plus forcément passer beaucoup de temps dans un pays pour le découvrir comme tu as fais en Nouvelle-Zélande. Sur le principe, je voyage comme toi et j’aime cette façon de faire. Mais j’ai récemment lu “le tour du monde en 80 jours par un Monty Python”, et l’auteur, Michael Palin, raconte son voyage rapide. Et il décrit très bien, je trouve, cette sensation grisante, quasiment d’ivresse, de bouger sans cesse, de se retrouver un lundi dans l’Inde des faubourgs puis le mercredi en Chine et le samedi dans le Japon hypermoderne… Je ne dis pas que je voyagerai tout le temps comme ça, mais sur une courte période, avoir un aperçu d’un peu plein d’endroits très variés, ça doit faire comme feuilleter un livre photos, on jongle d’un lieu à un autre, et je peux être tenté éventuellement par ça.
Salut Raphaël,
Je comprends ton point de vue et en tout cas, je ne voulais en aucun cas dire que voyager, c’est aller vivre un an dans un pays. D’ailleurs, ce n’est pas parce que j’ai ce sentiment d’avoir bien exploré la Nouvelle-Zélande que je n’y retournerai pas un jour ! En fait, il n’y a pas une définition correcte du voyage et ça on est tous d’accord. Mon point essentiel, c’est juste que toute cette surenchère a une conséquence grave : elle détruit la planète. Elle pousse les gens à faire la course et à prendre l’avion sans cesse.
En tout cas une chose est sûre, je ne pourrais pas voyager comme Michael Palin. Ça ne me correspondrait pas, même si je comprends la sensation que ça peut procurer. 🙂
Salut Raphael,
Je réponds très tard après, mais je viens de réaliser que je ne l’avais pas fait ! Bref, je reste persuadée que l’on peut vivre énormément de changements rapidement tout en n’allant pas au bout du monde. Franchement, même à vélo je me prends des claques tous les jours. Entre la Hongrie et la Serbie, la Roumanie et la Bulgarie. Bref, cette ivresse elle peut exister sans pour autant être le symbole de la sur-consommation des lieux. Je ne dis pas qu’il faut voyager comme moi, mais fondamentalement, cet article est un appel à la lenteur et au respect de notre Planète 🙂
Bonjour,
Je vous rejoins sur la reflexion de cet article,je rentre d’une virée de quelques mois en amérique du sud et d’europe à vélo et oui les memes questions,combien de km tu fais,combien de pays etc…..des statistiques,des chiffres sur des performances,j’ai l’impression que l’on cumule ces distances,les pays comme des trophées….personne m’a demandé combien de fois j’ai été heureuse,émue,par les rencontres,les paysages…..je me suis éloignée de cela pour pouvoir vivre MON VOYAGE de l’intérieur,etre en phase avec mes sensations,de tenter de vivre simplement chaque jour comme un cadeau et effectivement les plus belles surprises se sont révélées ailleurs qu’au travers les chiffres
Merci pour ce beau témoignage
Salut Gautier,
C’est impressionnant pour les cyclistes comme les questions tournent autour des chiffres ! Nous aussi on a le droit aux mêmes. Mais c’est vrai, tout ce qui compte, c’est “est-ce-que le voyage nous a fait du bien ?” finalement ! 🙂 J’espère que vous continuez à voyager sur votre vélo !
Je te rejoins complètement dans ta réflexion. Je me considère comme une touriste qui a visité certains pays mais je ne prétends pas connaître le pays de fond en comble.
Je pense que chacun est libre de voyager et découvrir le monde comme il l’entend, lentement, vite, peut importe si ça lui plait, par contre qu’ils ne viennent pas dire qu’ils connaissent le pays et la culture sans y avoir vécu, travaillé.
Mais bon c’est un grand débat sans fin …
Merci!!!!
Je me bas pour expliquer que non, je ne fais pas un tour du monde d’un an et que oui, rester 2 mois dans une toute petite region d’un grand pays est bien plus interessant qu’enchainer les bus de nuit. Pour avoir vecu dans 8 pays, je ne pretends pas le moindre du monde les connaitre. Je serai bien incapable de donner les bons plans de Saigon ou Hong-Kong malgre avoir passe 2 ans dans chaque pays (c’etait il y a qq annees deja, et vu a la vitesse ou ca change..). Signe: Seb, en voyage de 7 pays en 12 mois (sachant que j’avais deja visite 4 des pays, dont 8 fois le Perou, ca ne m’empeche pas d’y retourner passer 1.5 mois)
J’ai beaucoup aimé ton article qui m’a tout de suite appelé. Je suis co-fondatrice d’une agence de voyage spécialisée dans le nord du Pérou, donc, justement comme on dit “en dehors des sentiers battus”.
Nous essayons d’impliquer les gens locaux dans nos voyages, en proposant des ateliers de tissage, de céramique ou d’autres traditions ancestrales afin que le voyageur puisse échanger avec le villageois (il y a toujours un guide qui parle les deux langues). Pour voyager et échanger, il faut du temps – mais beaucoup de gens ne l’ont pas. Ils viennent visiter 15 jours ce qui leur permet de voir la route classique, mais surtout pas de prendre une demi-journée pour faire une peinture avec des couleurs naturelles sur du coton nativo selon une coutume millénaire.
La vision de voyageur que tu mets au début de ton article “Voyager c’est prendre le temps de découvrir un pays et s’aventurer dans la moindre petite route, loin des sites les plus connus.” ne correspond donc seulement à quelques voyageurs, mais pas à tous ceux qui cumulent les pays visités. C’est dommage, mais je crains que c’est dans l’air du temps. Le voyage est devenu un pur produit de consommation.
Bonjour,
Un grand merci pour cet article et pour cette prise de recul. D’ailleurs, prendre du recul nécessite de prendre le temps de réfléchir : une raison de plus d’aller lentement !
Un article intéressant pour continuer la réflexion sur l’éthique du voyage, souvent (mais pas toujours) corrélée à sa vitesse :
http://asiecyclette.weebly.com/le-blog/comment-voyager-ethique
Encore merci pour cette réflexion !
Merci beaucoup pour cet article. Je suis parfaitement d’accord avec toi. Je viens de revenir à Bali après avoir passé 3 mois de stage! Et l’envie de revenir était plus forte que tout! J’espère un jour te rencontrer au court de tes voyages 😉
Merci pour cet article.
Que du vrai même si on entend toujours les mêmes choses :sortir des sentiers battus, le mieux était où il n’y avait pas de touristes, voyager lentement, s’imprégner des cultures. Mais pour cela il faut beaucoup de temps et apprendre la langue. Sinon cela reste superficiel. Dans toute une vie on ne comprendra pas les castes en Inde, les crimes d’honneur en Albanie, etc.. Et puis, si on ne va qu’à des endroits où il n’y a pas de touristes, on ne va pas voir Bagan, Angkor ,Venise, etc… Dommage.
Je suis d’accord, il n’y a rien de bien nouveau au portillon dans mon message. En même temps, il n’y a pas de recette miracle pour faire face à ce sujet et je crois que c’est utile de le répéter régulièrement. C’est de cette manière que l’on a pris conscience qu’il fallait jeter les déchets dans les poubelles (pour avoir ramasser les déchets sur les plages avec mon école quand j’étais petite, ça n’a pas toujours été si évident), trier les déchets, produire moins de déchets, etc. Et puis, les supermarchés sans emballage ont commencé à faire surface ainsi que l’esprit zéro déchet… Un long chemin et combien de fois encore, le message est répété, partagé ? Actuellement, je suis en Croatie. On est en octobre, le tourisme est plus calme. Je n’ai pas apprécié Plitvice et Dubrovnik pour autant. Devoir faire la queue pour faire croire que tu es tout seul et prendre ta photo… Te faire bousculer le temps de la faire. Ne pas prendre le temps d’admirer. À Dubrovnik, on est resté 45 minutes, puis on a fui. Beauté de la ville VS stress causé.
Dans une semaine, je serai à Venise. Mes parents nous rejoignent là bas. J’ai déjà une appréhension et presque hâte que ce soit passé. Pourtant Venise, c’est magnifique. Mais c’est en train de mourir. Et en y allant, je participe à sa perte…
À mon retour de voyage, je vais aussi travailler sur un autre aspect : les moyens de transport pour voyager. Le vélo, c’est ce qui m’a permis de sortir des sentiers battus pour cette fois. Et c’est ce qui fait que je vis encore bien plus mal les lieux touristiques désormais. Il y a sûrement des manières de voyager qui méritent davantage d’attention.
En fait, mon point ce n’était pas de dire de ne pas aller dans ces lieux là, mais de ne pas passer sa vie à y aller. Lorsque l’on enchaine les destinations Bucket list, c’est ce que l’on fait. Et je pense que justement, on ne verra jamais qu’à côté de Venise, il y a le Delta du Po puis toutes les petites villes comme Plaisance, Bologne, Ferrara et Padova qui sont plutôt chouettes. En ne visitant que Venise, on ne découvre pas les gens et l’extrême gentillesse à laquelle nous avons fait face lorsque nous avons traversé la région.
Franchement, oui, je déteste le tourisme de masse. Oui, je trouve que ce n’est pas éthique de détruire une destination pour que le monde entier y vienne passer deux jours et consommer des souvenirs en plastique fabriqués en Chine. Il n’y a malheureusement pas de recettes miracles aux alternatives au tourisme de masse à part l’éviter, voyager lentement, prendre le temps, acheter un vélo !
Je n’avais jamais rencontré de voyageurs de ce type jusque…hier. Un américain qui voyage depuis deux ans et qui a pris un malin plaisir de m’énoncer tous les pays qu’il avait parcouru. A la réponse de comment il voyage… en bus naturellement c’est le meilleur compromis. J’ai moi même fait une fois luang prabang jusque vang vieng en bus au Laos avec 11h de voyage, un véritable calvaire. Mais lui me réponds que c’est rien ça! Il est d’autant plus important de souligner que le voyage backpacking se résume souvent à aller de site touristique en site touristique, pour voir ce que tout le monde voit, sans sortir des sentiers battus, mais coché sa to-do-list comme tu dis.
Je me suis plutôt bien retrouvé dans tes lignes et c’est ce qui m’a poussé à réaliser ce long voyage que j’ai entrepris, car j’étais lassé de devoir prendre l’avion pour une nouvelle destination. Je révais de voir le monde mais aucunes envie de passer mon temps dans les transports.
Bravo pour la justesse de tes propos, au plaisir de te lire.
Tu touches à un sujet très sensible dans le monde du voyage je pense !
C’est une réflexion que je me fais souvent par rapport à certains blogues que je suis, voir même certaines de nos connaissances. J’ai toujours eu du mal avec l’expression “j’ai fais tel ou tel pays”… je trouve cela tellement réducteur pour un pays sachant qu’un voyage permet rarement de visiter un pays en entier.
On a habité 2 ans et demi au Canada. Je pense connaître plutôt bien le Québec. Mais le pays est tellement immense que c’est impossible pour moi de dire que “je l’ai fais” !
On essaye aussi de réduire les vols d’avions parce que merci le bilan carbone à la fin de l’année… Pour notre voyage de 4 mois en Amérique du Nord, on en a quand même fait 5 (dont 3 pour Hawaï, on a pas tenté le bateau-stop et aussi obligé de prendre l’avion entre les îles…). Pour l’Amérique du Sud, on prévoit de s’acheter un van, donc au moins on évitera des vols à répétition.
Ce qui m’énerve aussi, ce sont les voyageurs qui visitent certaines villes et sous prétexte qu’ils ne les ont pas aimé, vont dire que cela “ne vaut pas le coup de s’y arrêter”…. Grrrr Les gens qui disaient ça de Montréal me faisait rager! Bref, je m’égare mais j’approuve totalement ton article!
Bonne route les cyclistes 🙂
Salut Laura,
Je suis lente à la réaction car ça fait plus de deux ans que ces commentaires trainent… J’ai mis un peu de temps à capter le système et surtout, j’avais bloqué le tout car je me faisais pas mal troller ^^
Bref, tout ça pour dire que l’on se comprend beaucoup et que oui, parfois, il peut arriver que l’on prenne l’avion, mais tant que cela est très limité, ça va. Un vol pourrit nos efforts d’un an, c’est ça le truc, c’est un peu dommage.
À bientôt au WAT !
Hello ! On traverse une partie de l’Europe a vélo nous aussi et on se demandait quel chemin vous aviez emprunté exactement ? Pour le reste et la course aux records, on est assez d’accord. On a passé en moyenne un mois dans chaque pays, c’est dire à quel point, on a été lentes et heureuses de l’avoir été !
Bonne route ! Buen camino !
Salut Cécile et Johanna,
Oh chouette, vous avez eu raison! Vous êtes où actuellement ? Nous avons tout d’abord emprunté l’Eurovélo 6, jusqu’en Roumanie. Et actuellement, nous sommes en Croatie et en route vers l’Italie pour la fin de notre parcours. Nous allons passer par Pula, puis Trieste, Venise et direction Turin, en traversant l’Italie !
Bonne route à vous !