“Quitter Paris, la ville lumière : une décision que nous avons prise avec conviction !“
Aujourd’hui, je voulais vous expliquer les raisons pour lesquelles nous allons quitter Paris. En effet, j’y vis désormais depuis 4 ans. Denni, lui, est arrivé il y a environ deux ans. Et il va bientôt être temps pour nous de fermer cette page dans notre parcours.
Paris est une ville magnifique. Elle recèle de nombreux trésors, une histoire forte, une architecture magnifique, des monuments majestueux, des belles surprises cachées. La dynamique de la ville est riche. Aussi, la mixité sociale, culturelle et religieuse est florissante. S’il y a une ville au monde où le FN ne pourra jamais percer selon moi, c’est bien cette dernière. Et ce, même si des habitants du 16e “s’amusent” à incendier des centres d’accueil pour SDF.
Nous vivons dans un super quartier, avec une belle dynamique.
Dans notre quartier, nous avons tout à proximité. Surtout le métro, élément essentiel du confort de vie parisien. Nous vivons dans un quartier du 19e arrondissement, à la frontière du 20e. Contrairement à ce que l’on peut entendre sur notre quartier, la vie y est paisible. La rue perpendiculaire à la nôtre est un haut lieu de l’artisanat. Le soir, en hiver, on voit des artisans travailler du bois, des violons, des bijoux, des meubles en carton dans leurs vitrines. Une chose que l’on trouve rarement ailleurs en France.
Les week-ends, nous partons à la découverte. Il nous arrive même de voyager dans cette ville, tant les quartiers sont variés. En haut de chez nous, se trouve une cité avec de hauts immeubles. En bas de chez nous, les Buttes-Chaumont, l’un des plus grands parcs de la capitale. A droite, c’est le quartier Jourdain, un peu bobo, avec ses commerçants et sa vie locale.
Je suis fière de voir toutes les initiatives en faveur de l’environnement que prend la mairie de Paris. Des voies rapides se transforment en voies piétonnes. La mairie a mis en place des budgets participatifs pour lesquels les gens votent (avec intelligence et pertinence). Des rues végétales devraient bientôt voir le jour. En clair, ici, on grouille d’initiatives positives. Et c’est ce qui nous manquera le plus lorsque nous allons quitter Paris.
Il existe bel et bien une bataille pour le logement, mais ce n’est pas ça qui me dérange le plus.
Nous attendons avec impatience notre départ. Pourtant, Paris, nous l’avons aimé. Souvent, j’entends dire que le problème à Paris, c’est le logement. On travaille comme des fous pour se payer un logement riquiqui. Oui, d’accord. C’est ultra vrai. Mais ce n’est pas ça qui me désarme le plus ici. Certes, nous payons – seulement – 900€ par mois pour notre 40 m2! Ne riez pas, c’est un tarif exceptionnel pour cette surface. Je payais le même tarif pour mon taudis de Ménilmontant, de 12 m2 plus petit!
En réalité, ce qui me pose problème ici, c’est que cette grande ville a ses nombreux oublis. Ici, nous oublions d’être humains. La recherche de logement est assez révélatrice. Nous nous retrouvons à cinquante à faire la queue devant un pauvre appartement pourri, dans l’espoir de l’obtenir. Les propriétaires véreux savent bien que quelqu’un cédera à ses 1000€ de loyer, malgré la loi ALUR. Comment négocier quand tant d’autres attendent derrière? Les demandes sont tellement élevées que chacun trafique son dossier, pour paraître le plus “sérieux” possible. Cette spirale infernale de malhonnêteté nous rend féroces.
Pour le travail, c’est pareil. Par chance, je n’ai pas eu à subir ça. Mais je l’ai tellement vu chez mes amis que j’en suis dépitée. Il y a tellement de personnes en recherche que pour chaque annonce, ce sont des candidatures à tout va. Les entreprises, connaissant le marché, proposent des salaires largement en dessous du raisonnable, voire même des stages à des personnes qui ne sont plus juniors… Il faut déjà que vous soyez reconnaissants d’avoir un poste dans une super startup humaine qui va changer le monde, n’est-ce pas ? J’ai du mal à accepter ça. La légende nous fait croire que les postes sont à Paris, mais la concurrence y est bien rude.
La simplicité des relations humaines me manque profondément.
Par ailleurs, le contact humain me manque vraiment. A Paris, j’ai appris à arrêter de regarder les gens. Si bien que je pourrais croiser mon collègue de boulot ou un ami dans le métro, je ne le verrais pas. Et lui non plus d’ailleurs. C’est quelque chose de bien en soit, car on laisse chacun être comme il est et on ne juge pas sur les apparences. Néanmoins, je me sens prise dans une spirale sans humanité. Je ne vois plus les SDF qui ont élu domicile dans la station en bas de chez moi. Ou celui qui est là tous les matins, à la sortie de la station de mon boulot. Je n’entends plus les gens implorer dans le métro. La vie autour de moi a disparu. Je disparais avec elle.
Habitant de la petite ceinture – Belleville – Paris 20 ©Mila Colas
J’ai parfois l’impression de vivre dans une ville sauvage. Si l’on souhaite s’inscrire à un cours de badminton, il faut s’y prendre à l’avance. Pour les cours de langue, c’est pareil. Tout est toujours une compétition ici. Tout est toujours surchargé. Alors la simplicité de la vie que je pouvais avoir à Brest me manque. Pour aller à la plage, dans un bar ou s’inscrire à un cours, il y a toujours une place pour toi. Se parler, se croiser et échanger avec l’autre, ça me manque aussi.
Toutefois, les parisiens sont des gens sympas en général. Je n’ai jamais retrouvé les préjugés que l’on peut avoir sur eux ici. Je ressens plutôt que ce sont des gens parfaitement conscients d’être embrigadés dans un système détestable. Ils sont ouverts d’esprit, ont soif de culture et soif de vivre. Mais les relations sont compliquées à créer. Il se passe tant de choses à la minute que l’on s’oublie.
Nous allons quitter Paris, pour pouvoir encore l’aimer.
C’est lorsque je prends des hauteurs pour admirer Paris que je réalise mon problème : je me sens littéralement écrasée et étouffée dans cette densité. Paris est l’une des villes avec la plus forte densité de population au monde, vous le saviez ?
Denni et moi sommes jeunes. Pourtant, nous sommes constamment crevés par cette vie de fou. Le transport tous les jours, les horaires de travail, la bataille pour garder les quelques droits qu’il nous reste. Je pense que les pics de pollution à répétition nous étouffent également et nous fatiguent davantage. Aujourd’hui, les mesures anti-pollution se perdent un peu, demain, ça le sera sans doute encore plus.
Nous allons quitter Paris, parce que nous l’aimons encore. Si nous restons, demain, nous ne supporterons plus. Nous aimons le calme et l’air de la campagne. La pollution n’a pas de frontière. Nous avons bien conscience que, même si l’on fuit Paris, on restera exposé. Mais quitter Paris, c’est retrouver l’air qui nous manque. Comme les espaces de la campagne non surchargés par la foule. Alors voilà, nous ne partons pas seulement faire un tour d’Europe à vélo. Nous lâchons tout, notre appartement, nos meubles, notre vie ici.
Mais nous repasserons avec grand plaisir faire coucou aux amis de temps à autre 🙂 !
Aller plus loin
Visiter Paris autrement
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Tout à fait en accord avec cette réflexion. Du coup, vous êtes dans quel coin maintenant ? J’ai vécu à Paris, dans le même quartier ! J’ai adoré, mais désormais, je ne quitterai plus ma vie sereine et humaine au “vert”.
Bonjour,
Merci pour votre retour ! Après avoir voyagé à vélo pendant 1 an et demi, nous avons décidé de nous installer dans une petite commune du Piémont en Italie avant de repartir voyager prochainement 🙂 Et vous ?
Woua. Quel témoignage ! Agréable à lire et très inspirant ! Merci 🙂
D’accord avec vous à 200% !
Merci beaucoup ! 😀
En espérant que vous allez, vous aussi, aider de nombreuses personnes à quitter Paris avec votre blog 😉