Trois jours à Skopje : le “Disneyland” des balkans.

par | Mis à jour le 27/01/2021 | Citytrip | 6 commentaires

Partez avec nous pour un petit citytrip de 3 jours à la découverte de Skopje. En 2016, je me suis rendue avec une amie en Macédoine pour la première fois. L’idée était de découvrir cette capitale dont je n’avais jamais entendu parler.

Quelques images en tête et une certaine curiosité pour cette ville qui m’a semblé plutôt intéressante. Finalement, j’en retiens une ville aux multifacettes avec un grand mixe des cultures. C’est un carrefour incroyable entre l’Orient et l’Occident.

Ce city trip date de l’époque où je m’échappais encore de Paris en avion à la moindre occasion. Un mode de vie qui, heureusement, a bien changé aujourd’hui !

Où se trouve Skopje ?

Skopje, c’est la capitale d’un petit pays qui s’appelle la Macédoine. Contrairement aux idées reçues, la salade que l’on appelle “macédoine” s’appelle la “salade russe” là-bas. L’origine de ce plat est donc un grand mystère désormais pour moi.

La Macédoine est l’un des pays qui a émergé après l’éclatement de la Yougoslavie, en 1991. A Skopje, on est dans les balkans, au milieu des terres, dans un carrefour entre Orient et Occident, à quelques kilomètres de la frontière avec le Kosovo.

Comment a-t-on atterri en Macédoine ?

Depuis quelques temps, une ligne Paris Beauvais – Skopje est ouverte avec la compagnie Wizzair. Ça me semblait être une destination exotique. Le coût très bas de la vie sur place rend d’ailleurs le week-end très abordable. Je crois en avoir eu pour 160€ au total pour les trois jours. Cela inclut même les cadeaux souvenirs.

Les touristes français sont rares en Macédoine. Pour le moment, nous sommes environ 4 000 par an à aller visiter ce petit pays.

Les touristes français se font remarquer !

Alors, ce qui est rigolo (vraiment super drôle), c’est qu’en étant une espèce rare pour la région, nous devenons de véritables extraterrestres !  Déjà qu’il y a peu de touristes… Mais alors, des français? En nous entendant parler dans la rue, les gens s’arrêtaient littéralement, nous dévisageaient d’un air très (très très très très…)surpris.

J’avais lu avant d’y aller que les skopiotes étaient des gens sympas et plutôt ouverts. Nous avons effectivement rencontré pas mal de skopiotes super adorables, prêts à nous aider, trop contents qu’on les aborde.

Dans les restaurants en revanche, on a plutôt été reçu par des personnes assez spontanées, qui, si vous les ennuyez, exhalent un énorme soupir puis s’en vont, impatientes. C’est le cas si elles ne parlent pas anglais. Ou que vous lui tendez innocemment un billet de 500 denars mais qu’il n’a pas le change (500 denars = 8€ pour info…). Une chose est sûre : il faut prendre du recul et ne pas se vexer si ça arrive.

A Skopje, un niveau sonore bien différent du nôtre

A Skopje, les restaurants se battent régulièrement à coups de Rihanna VS Lady Gaga et dépassent largement la limite autorisée en France. Même en pleine rue. Alors préparez les bouchons d’oreilles, car les skopiotes ont l’air d’apprécier eux ! D’ailleurs, pour le coup, eux aussi parlent très fort.

La révolution colorée

révolution colorée

Il n’empêche qu’au delà du côté brut, les macédoniens ont toute mon estime. Nous sommes arrivées en pleine révolution “colorée”. Il apparaît qu’ils n’apprécient pas non plus le côté Disneyland de la ville dont je vous parlerai plus en détails plus loin. Afin de mettre un terme à la corruption du gouvernement, ils ont trouvé une solution. Ils attaquent les bâtiments du gouvernement à coups de bombes de peinture !

Plusieurs religions coexistent à Skopje

Même si tout cela semble super instable, Skopje m’a aussi appris que les religions pouvaient bel et bien cohabiter. Dans le respect des uns et des autres. En Macédoine, les mosquées sont aussi présentes que les églises. Bien évidemment, il y a de la concurrence et quelques tensions entre elles, mais chacun peut vivre son culte et ce, depuis des centaines d’années ! Nous avons croisé des mosquées datant du XVe siècle ainsi que des églises quasi aussi vieilles. Certes, selon les âges, les orthodoxes ou les musulmans ont dominé, donc les églises sont plus ou moins petites.

Peu importe, les deux religions sont toujours là et cohabitent toujours. Cet équilibre reste faible, des conflits entre la population albanaise et les macédoniens arrivent encore régulièrement.

Dans la rue, les macédoniens se mélangent. Il n’est pas rare de croiser un groupe d’amis où certaines filles sont en jupe, d’autres voilées et bien couvertes.

C’est quelque chose que nous avons également retrouvé tout au long de notre traversée de la Macédoine à vélo !

Un véritable enseignement compte tenu des propos que l’on peut entendre parfois en France.

Lac Makta - Skopje

 Que faire à Skopje ?

Manger autant que vous voulez

Tant que vous êtes à Skopje, profitez-en pour manger autant que vous voulez. Les agriculteurs n’ont pas les moyens d’acheter de pesticides et c’est tant mieux ! Les fruits, les légumes et les produits en général sont authentiques et goûtés, ça fait un bien fou. Les produits macédoniens n’ont rien à envier aux produits bio hors de prix que l’on trouve en supermarché en France.

Depuis que je suis allée à Skopje, et ce, même si je n’ai passé que quelques jours là-bas, je pense encore aux tomates fraîches que j’y ai mangé. Etonnement, ce goût me manque et rien que pour ça, j’y retournerais bien.

Et puis bon, j’ai payé ma centaine de grammes de cerises à peu près 0,20cts d’euros. Ça change de nos 5€ le kilo habituels pour du non bio. C’est tellement bio que j’ai trouvé des asticots dans mon lot ! Il faut s’y habituer 😉

Aller visiter le vieux bazar

Pour trouver des légumes, des fruits et des produits typiques (très proches des produits traditionnels grecques), je vous invite à aller visiter l’un des plus grands bazars d’Europe : le vieux bazar de Skopje.

C’est d’ailleurs l’attraction principale de la ville. L’espace d’un moment, on quitte complètement l’Occident pour se retrouver en Orient. C’est le dépaysement le plus intense que l’on a vécu à Skopje.

Epices, saveurs, fleurs, meubles, voiles, produits de beauté : tout y est, sur un espace gigantesque. Le vieux bazar est devenu un lieu de commerce à partir du XIIe siècle. Il est aujourd’hui le symbole d’un carrefour entre deux cultures et un témoignage de centaines d’années d’échanges !

Vieux bazar Skopje
Vieux bazar Skopje

Se pavaner dans le quartier ottoman

Dans les environs du vieux bazar, on se retrouve dans les derniers vestiges de l’empire Ottoman. Une partie du vieux centre de Skopje a été préservé et c’est vraiment joli.

Pour l’histoire, Skopje est une ville qui n’a pas beaucoup de chances. Victime régulière de tremblements de terre, le dernier, en 1963, a fait de gros dégâts tant humains que matériels. La ville a été détruite à 80%. Ce tremblement de terre reste gravé dans les mémoires, d’autant que la réhabilitation de la ville est encore en cours. Des mouvements de panique ont d’ailleurs eu lieu le 11 septembre 2016 après que la ville ait été secouée par un petit séisme, sans dégâts cette fois!

En tout cas, ce petit centre est trop mignon ! On y trouve des mosquées, des petites rues pavées, des bars, des petites places toutes bordées par des maisons d’un ou deux étages seulement.

Quartier ottoman - Skopje
rues du quartier ottoman

Visiter le nouveau centre ville

Aux débuts des années 2000, le gouvernement a lancé un vaste plan de construction, Skopje 2014, dans le but de récupérer du tremblement de terre dont on parlait plus tôt.

La ville n’avait plus de monuments depuis 1963 (musées, théâtre national, etc.). L’une des raisons pour lesquelles il y avait la révolution colorée lors de notre visite est liée à ces bâtiments qui ornent désormais le “nouveau centre” de Skopje. En effet, notre hôte Airbnb nous a expliqué que ces bâtiments auraient été payés beaucoup plus cher que leur coût réel : des sommes folles d’argent auraient été détournées.

De plus, les nombreuses statues qui ornent la ville ne représentent pas forcément des héros macédoniens. D’ailleurs, les bulgares se moquent pas mal des macédoniens pour cela. Les statues des héros érigées dans la ville seraient en partie bulgares, d’autres seraient grecques. Et pour finir, elles paraissent réellement avoir été construites avec du matériau de mauvaise qualité. Tout cela, alors que nombreuses personnes y vivent difficilement. Nous avons même vu des fermiers avec leurs charrettes !

Le nouveau centre-ville est kitchissime !

Nous, ce qui nous a fait rire, ce sont les proportions, le doré, le kitch, le too much. Le musée Mère Teresa (qui était une macédonienne albanaise si vous ne le saviez pas) est kitchissime avec ses petits oiseaux blancs sur une façade au fond bleu. Apothéose pour la cathédrale orthodoxe ornée de feuilles dorées.

Ajoutons à cela que les skopiotes qu’en regardant cette cathédrale, on entend du Rihanna VS Lady Gaga à fond les ballons, c’est franchement super drôle comme ambiance.

Un vieux centre ville à reconstruire…

Nous avons d’ailleurs regretté que ces bâtiments aient été privilégiés par rapport à la forteresse, toujours en ruine. Elle a subi de nombreux dégâts en 1963 ! En réalité, ils ont bien tenté de la réhabiliter. Une partie a même déjà été refaite. Néanmoins, sa restauration a créé tellement de tensions que les travaux ont été suspendus. Affaire à suivre.

Je pense qu’il pourrait toutefois être intéressant d’aller à Skopje dans quelques années, voir comment la ville a pu évoluer. Comme on peut le voir sur les photos, Skopje 2014 est encore en construction, il y a des travaux partout. J’aurais tout de même aimé louer une voiture pour sortir un peu de la ville facilement et aller voir les alentours.

Visiter le lac Makta

Le lac Makta que nous avons visité, aux abords de la ville, est chouette. Je vous conseille tout de même de partir en randonnée de l’autre côté du lac (ce que nous n’avons pas fait) ou en kayak (ce que nous n’avons pas fait non plus). Le lieu est en effet plutôt très touristique.

Nous, nous sommes parties de l’autre côté du lac, faire un tour avec la jeunesse dorée du pays. On change des skopiotes, parfois bruts, mais pas méchants. Ici, les gens sont beaucoup moins sympas, comme dans tout lieu où il y a trop de monde. Nous avions réservé un bateau pour visiter des grottes autour du lac, y entrer a été plutôt pénible. Ceci dit, la balade valait le coup, même si nous avons préféré notre petite randonnée par la suite !

Lac Makta
Lac Makta
Lac Makta
Lac Makta

Le lac Makta est plutôt pollué… Et c’est bien dommage.

Le lieu est également plutôt pollué, surtout sur le chemin aux alentours des restaurants. C’est un endroit très joli, ce qui rend la pollution encore plus écoeurante. Pour les âmes sensibles au respect de notre planète, ça fait mal.

Lorsque l’on arrive en bus en amont du lac, il m’a paru que, si on traversait le premier pont que l’on croisait en remontant vers le lac, on pouvait faire une randonnée de l’autre côté, loin de cette folie. Si l’un d’entre vous y est allé, je veux bien son retour pour confirmer ça !

Il est aussi possible de louer des kayaks sur place. Il suffit d’arriver assez tôt pour ne pas faire une heure de queue. Cela me semble être également un bon moyen de visiter le lieu.

Pour finir, les restaurants là-bas sont ultra chers. Pensez donc à prévoir vos propres sandwichs. Il m’a semblé que l’on a quasi payé 10€ chacun notre déjeuner, ce qui est vraiment un prix au-delà des prix macédoniens. Il nous est arrivé de déjeuner pour 1,5€ dans la capitale!

Lac Makta
Kayak sur le lac Makta

Le bus skopiote, une véritable aventure !

De la journée au lac Makta, l’expérience la plus folle a été de prendre le bus de Skopje au lac. Le taxi ne nous aurait coûté que 7€, mais on a préféré le bus. On n’a pas trouvé l’arrêt. Alors, quand on a vu le bus passer (avec 20min de retard), on lui a fait signe, juste pour voir. Le chauffeur s’est arrêté ! On est monté dans un bus en folie, blindé ! Tout le monde se parlait, c’était incroyable.La seule personne à avoir un casque était un touriste qui dormait dans un coin. A un arrêt, une grand-mère est montée et ça a été tout un sketch : tout le monde s’est mis en quatre pour la faire rentrer et pour l’asseoir. Les gens lui parlaient, riaient avec elle. Lorsqu’elle a voulu descendre, tout le monde s’y est mis pour la faire passer, l’aider à descendre, etc. J’ai trouvé ça énorme !

Au retour, le bus n’est jamais passé. De plus, les taxis étaient blindés. Le stop ne fonctionnait pas. C’est finalement un couple d’ukrainiens qui nous a sauvées en réussissant à négocier un partage de taxi avec un chauffeur.

Finalement, c’est un peu ça qu’il faut retenir : Skopje, c’est un joyeux bordel !

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6 Commentaires
  1. Giles

    Pour info, les photos de Pinterest ne s’affichent pas

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    • Mila

      Je pense que c’est un souci plus profond, il va falloir que je retravaille l’article complètement ! Merci pour l’info en tout cas 🙂

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  2. Solene

    Super complet ton article, merci! J’adore les monuments “repeints”, une jolie façon de montrer son mécontentement !
    Je te dirais pour la rando de l’autre côté du lac 😉

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    • Mila

      Je suis désolée de n’avoir pas répondu également ! Alors la rando de l’autre côté du lac ? C’est vrai que nous étions là sur un week-end donc c’est peut-être ça qui a posé problème. Enfin bon, c’était une chouette aventure tout de même Skopje, j’en garde un souvenir assez drôle ! 🙂

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  3. Estelle - Curiosity Escapes

    Skopje, “un joyeux bordel”, c’est tout à fait ça. C’est fun à voir une fois dans sa vie. Après pour les habitants c’est vraiment pas cool, de voir l’argent public ainsi gaspillé.
    Comme toi j’ai été bluffée de voir cohabiter des mosquées et des églises au cœur du bazar, une belle leçon.
    Je suis désolée de voir le carnage de ta visite au canyon de Matka. Est-ce que vous y étiez un week-end ? Sache qu’en début de semaine et hors vacances c’est bien plus agréable. Aucune attente au bateau, nous n’étions que 5 sur le bateau et avions la grotte pour nous seuls. Par contre au niveau de la pollution du site, je ne peux que confirmer et c’est bien triste à voir car ce site naturel est d’une grande beauté.

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    • Mila

      Salut Estelle,

      Je viens de voir que je n’avais jamais répondu à ton commentaire (ou peut-être s’est-il perdu dans les méandres comme mes photos ?) Je crois bien que c’était le premier ou second article, ça me fait tout bizarre.

      C’est vrai que nous y étions un week-end et qu’il y avait énormément de monde. Mais en semaine, ça doit être plus cool. Depuis, j’ai pris du recul sur la pollution en Macédoine (vu que l’on a retraversé tout le pays à vélo). On est passé dans des endroits inaccessibles et même là, il y a ce qu’il faut de déchets… Je crois qu’ils n’ont tout simplement aucune structure pour les gérer.

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  1. Que faire à Skopje en Macédoine ? - […] https://un-monde-a-velo.com/skopje/–https://traversee-d-un-monde.com/lieux-a-visiter-a-skopje/ […]

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