De l’Altmühl au Danube : récit du voyage à vélo de Daniel

par | Mis à jour le 22/01/2021 | Allemagne | 0 commentaires

Cet article a été écrit par Daniel (plus d’informations sur l’auteur en bas de l’article) suite à son voyage à vélo en Allemagne avec Grand Angle. Merci à lui pour cette contribution. 

Deux joyaux et plein de perles

360 kilomètres en une semaine, dans une campagne paisible et verdoyante, m’ont permis de relier deux joyaux de Bavière : Rothenburg la médiévale, perchée sur une falaise au bas de laquelle serpente une large rivière (la Tauber) et la sémillante Regensbourg (Ratisbonne) que le Danube arrose avant de mettre le cap sur Vienne. Entre ces deux villes,  plein de perles villageoises et patrimoniales sur le fil de l’Altmühl.

J’ai entrepris ce voyage à vélo avec Bernard Frantz, un ami journaliste, globe-trotter aguerri. La pandémie a forcément rétréci son rayon d’action, sans pour autant entamer son envie de bouger. Nous sommes partis à la découverte d’horizons nouveaux à moins de trois heures de voiture de nos bases alsaciennes.

Par une fin de dimanche d’été, nous avons foulé les pavés vénérables et inégaux de la vieille ville de Rothenburg-ob-der-Tauber. Dans la cité ceinte de remparts qu’il franchit par de monumentales portes, le visiteur change littéralement d’époque. Pour se retrouver aux XVIe et XVIIe  siècles. Des sculptures, des oriels, des colombages parent les maisons. Sous les fenêtres les jardinières débordent de fleurs. Les façades arborent des enseignes, finement travaillées, qui révèlent l’activité du magasin qu’elles abritent.

L’itinéraire et ses variantes avec les étapes proposées par Grand Angle

C’est Noël tous les jours !

Enfin, à Rothenburg, c’est Noël tous les jours. À deux pas du très imposant hôtel de ville, érigé en 1619.  C’est là que se trouve le fief de la firme Käthe Wolfarth avec ses expositions, son musée, ses points de vente d’un très large choix de décors pour les périodes de l’Avent, de la Nativité et de figurines en bois adorables et très colorées. En décembre, à travers toute l’Europe, l’entreprise participe aux plus grands marchés de Noël. Elle exporte ses produits dans le monde entier.

Rothenburg ? Une invitation à la rêverie et à un voyage à travers plusieurs siècles.

Étape 1 : Rothenbourg-ob-die-Tauber – Herrieden (77,8 km)

Aller à la source

Le lundi matin nous enfourchons nos bicyclettes. Pour profiter d’une luminosité plus favorable que la veille, nous retournons dans la  ville ancienne. Mauvaise idée. Rouler sur les vieux pavés n’est pas une partie de plaisir. Obligés de mettre pied à terre pour admirer une grande fontaine ou l’alignement de pignons renaissance, tous différents.

Puis nous rejoignons des chaussées plus confortables à travers les faubourgs de Rothenburg, passons sous une autoroute pour atteindre, très rapidement, nos itinéraires campagnards.

Derrière une ferme

Premier objectif, la source de l’Altmühl, le cours d’eau que nous devons suivre jusqu’au Danube. Qui dit source, dit montagne. L’Altmühl jaillit dans une prairie à l’arrière d’une ferme, juchée sur un plateau. Pour y monter, nous affrontons quelques rampes sévères. De quoi se familiariser avec l’assistance électrique du deux-roues.

La pause à côté de la modeste source est la bienvenue. 

Une mauvaise interprétation du balisage au moment de reprendre la route nous propulse dans une longue descente, sur un autre versant de la montagne. Une détour d’une douzaine de kilomètres nous ramène au bord de l’Altmühl qui n’est encore qu’un mince ruisseau.

A la mi- journée, nous atteignons Colmberg que domine un château médiéval bien conservé. La forteresse abrite une hôtellerie. Des daims s’ébattent dans les prairies en contrebas.

Alors que des nuages de plus en plus sombres s’amoncellent, nous peinons à retrouver notre cours d’eau dans le fond de la vallée. Pourtant le balisage confirme que nous roulons bien sur l’Altmühlweg. Nous appuyons sur les pédales. Inutile. Voilà les premières gouttes. A peine avons-nous enfilé nos capes que les vannes célestes s’ouvrent toutes grandes.  

En fin d’après-midi, les éléments se calment et nous bouclons notre première étape de 78 km.

Délicatement ambrée

On le sait tous. La Bavière est la patrie de la bière. Le gros orage de la première étape m’a offert l’opportunité de savourer celle produite par la brasserie privée Reindler Braü, à Jorsberg. Après l’abribus du village, nous nous sommes réfugiés dans l’auberge attenante à la brasserie. J’y ai commandé la bière que buvaient les autres clients.

L’ambiance du lieu, avec ses boiseries, son poêle en faïence,  la bière-maison délicatement ambrée m’ont vraiment revigoré.

Cette première dégustation du voyage en a appelé d’autres.

Brassée depuis…1663

Étape 2 : Herrieden – Wettelsheim (83,55km)

Le château d’eau de la Bavière

Pour cette semaine à vélo, la météo bavaroise joue sur tous ses registres : ciel voilé et temps lourd à l’arrivée, éclaircie puis orage le lendemain. Fraîcheur pour la deuxième étape, avec un mercure autour des  15 degrés. Temps estival pour la fin du voyage.

Nous entamons l’étape à Herrieden, l’une des plus anciennes villes de la Franconie. Tout à l’ouest de la Bavière. Herrieden a conservé ses fortifications du XVe siècle. Un couple de cigognes occupe son nid au-dessus de la porte de la ville.

A Herrieden, l’Altmühl devient une petite rivière. Ses eaux alimentent le fossés des fortifications. En aval de la bourgade, elle prend ses aises dans un très large lit. Des prairies humides y accueillent volontiers ses débordements. Sans conséquences. Ni pour les cultures, ni pour la population.

Pas de pollution visuelle

L’Altmühlweg passe près de plusieurs villages proprets. Y trouver une mauvaise herbe est aussi difficile que de chercher une aiguille dans une botte de foin. Les maisons se groupent autour du clocher. Tout autour de la localité, des vergers portent la promesse d’abondantes récoltes de fruits. La pollution visuelle est quasi inexistante. Tous les réseaux sont enterrés. Les antennes de télévision ont disparu. Les pylônes et les poteaux électriques aussi. Les rares paraboles se cachent.

Un peu plus loin la rivière s’élargit. L’un  de ses bras se jette dans un lac. C’est l’Altmühlsee. Là, un important dispositif souterrain régule les eaux du lac vers les bassins du Main (un affluent du Rhin) et du Danube.

Le complexe hydraulique, qui comprend le lac de Brombach, forme une sorte de château d’eau pour  la Bavière.

Un paradis pour ornithologues

Des restaurants, des lieux de baignade, des bases de loisirs aquatiques occupent les berges des deux plans d’eau. Les pistes cyclables goudronnées et les cheminements gravillonnés pour les piétons sont séparés. Entre les deux lacs l’itinéraire traverse de belles forêts.

La contrée est un petit paradis pour les ornithologues. Ils y retrouvent de espèces familières -hirondelles, oies sauvages, hérons…- et d’autres moins connues du grand public.

À partir de Guntzenhausen, nous choisissons une variante qui nous écarte de l’Altmühlweg : un crochet – via le Brombachsee,  Ellingen et Weissenburg- sur l’itinéraire vélo arrivant de Pleinfeld  dans la vallée de la Rezat franconienne. 

Une dernière halte sur cette longue étape (84 km) s’impose à Weissenburg. La massive tour Ellinger à l’entrée, l’hôtel de ville gothique, les vestiges romains témoignent du riche passé de cette ville impériale.

Pour rallier notre lieu d’hébergement, à Wettelsheim, nous roulons sur une piste cyclable tracée à côté d’une voie ferrée. Une fin d’étape sans attraits.

Le Land de Bavière a acquis ce château en 1939. Les dépendances sont privées.

Epoustouflant

Un château baroque aux dimensions époustouflantes  nous a impressionné à l’entrée d’Ellingen, une bourgade de 3000 âmes proche de Weissenburg. L’endroit fut la résidence des nobles qui administraient la région et le siège de l’Ordre teutonique. Le bâtiment principal a été érigé entre 1717 et 1721. Ses façades, richement décorées, nous parviennent dans un état remarquable.

Étape 3 : Wettelsheim – Eichstätt (53,64 km)

La rivière devient canal

La journée la plus douce de notre voyage. Dans tous les sens du terme. Le ciel est bleu. L’Altmühl redevient une belle et paisible rivière au cours sinueux. Elle invite à la pratique du canoë. Des familles entières embarquent dans des bateaux rouges ou verts pour une promenade de quelques heures. Les cyclistes savourent le spectacle depuis depuis la piste ombragée qui longe ou surplombe le cours d’eau.

Ils remarquent également l’évolution du paysage. 

L’Altmühl aborde le plateau du Jura franconien. Elle y a façonné son lit dans le calcaire. D’imposantes roches blanchâtres se dressent sur les deux versants de la vallée. L’ensemble le plus remarquable se trouve en aval de Solnhofen. Il s’agit des « Douze Apôtres », sculptés par l’érosion. Ils s’alignent fièrement sur la rive gauche de l’Altmühl.

La brise légère qui tempère le soleil d’août et les accueillantes frondaisons nous incitent à musarder sur cette étape.

Eichstätt : universitaire et épiscopale

En chemin nous jetons un coup d’œil sur le château-fort de Pappenheim qui fut le berceau de la famille noble, éponyme et franco-souabe. Un peu plus loin, à  Solnhoffen, puis à Schernfeld, des carrières de calcaire attirent les chercheurs de fossiles.

Nous admirons les larges méandres de l’Altmühl. Dans le dernier d’entre-eux se love Eichstatt.

Un château, le Willibaldsburg, attire le regard et les objectifs à l’approche de la ville universitaire et épiscopale. L’Altmühlweg traverse  des ensembles de jardins, des équipements sportifs avant de gagner le cœur de la ville. Là, de  hauts immeubles baroques, dignes d’une capitale, bordent le grand espace devant l’ex résidence du prince-évêque. Ce Residenzplatz s’inscrit parmi les plus remarquables ensembles architecturaux du sud de l’Allemagne.

À quelques coups tours de roue, la cathédrale, imposante, agrandie au fil des siècles. Hélas, nous trouvons portes closes. L’édifice où se marient plusieurs styles est en chantier. A l’intérieur comme à l’extérieur.

Le portail baroque à l’ouest, la nef gothique, et le double clocher contemporain qui s’appuie sur des tours romanes sont autant de jalons dans l’histoire d’un lieu de culte dont les origines remontent au VIIIe siècle.

Au centre-ville, la statue d’un évêque scellée sur le fût  d’une fontaine illustre l’ancrage catholique de la cité et de sa région. Tout autour, les façades de fringantes maisons déclinent les teintes douces auxquelles artisans-peintres et architectes accordent leur préférence : le vieux rose, les nuances orangées, la couleur saumon un gris très clair… composent une palette esthétique. Plus rares les couleurs vives en vogue à la fin du siècle dernier.

A la hauteur d’Eichstätt, l’Altmühl perd son statut de rivière. Elle offre ses eaux et son lit au canal navigable qui relie le Main au Danube.

1000 lierres pour une nef

Insolite. Sur les berges de l’Altmühl non loin de Pappenheim cyclistes et promeneurs aperçoivent une chapelle…naturelle. Les jeunes d’un mouvement protestant ont utilisé 1000 plans de lierre pour composer sa nef et sa coupole. Une ossature métallique supporte l’édifice végétal qui change d’aspects au fil des saisons. Ce lieu de repos, de méditation et de célébrations a été inauguré en 2007.

Chapelle végétale

Etape 4 : Eichstätt-Beilngries (54,75km)

Les joies de la baignade

La journée débute sur une piste ombragée. Elle offre de jolis points de vue sur des villages avec leurs clochers à bulbe. Puis l’itinéraire passe à travers les champs de blé, de maïs, de betteraves. 

Premier arrêt au sommet d’une côte. Le site, sur les hauteurs de Pfünz, a accueilli  un bastion du limes (frontière fortifiée) de l’empire romain. Ce dispositif de défense a été élevé sous l’empereur Domitien, au début de notre ère. La forteresse de Pfünz protégeait un camp de plus de deux hectares. Une petite partie est reconstituée.

Un peu plus loin, un village dont le nom sonne comme un carillon : Gungolding. Sur ce qui, après un défrichage, est devenu une lande où paissent les moutons, des végétaux remarquables se développent : les genévriers, plusieurs variétés de gentianes, des roses de bruyères notamment. Le trésor botanique est protégé.

Sur les coups de midi, nous découvrons Kipfenberg. De larges parasols sont déployés sur la place centrale que dominent une église et, plus haut, un château. L’endroit est animé, coloré. J’y déguste la meilleure glace (italienne) du séjour.

Une église fortifiée

Il reste une petite vingtaine de kilomètres pour atteindre le terme de l’étape. Avec la perspective d’une baignade au lac Kratzmühle, à Pfraunsdorf. Sur les larges rives du plan d’eau, les bicyclettes sont aussi nombreuses que les baigneurs. 

 En chemin, nous découvrons l’église fortifiée de Kinding. Elle a été construite dans l’enceinte d’un château, au XIVe siècle.

Le lac de Kratzmühle, une opportunité de baignade en fin d’étape.
En bordure de la piste cyclable, des espaces ou s’épanouissent les plantes mellifères.

Corridors pour abeilles

On les appelle des délaissés, ces petits terrains sans destination coincés entre deux voies de communication, entre la rivière et une route… Dans le parc naturel régional de l’Altmühl, ces délaissés sont devenus des « corridors » pour les abeilles. Les plantes mellifères, les fleurs y abondent et ne risquent pas de rencontrer la débroussailleuse avant l’automne. Des oasis pour les butineuses.

Étape 5 : Beilngries-Kelheim (53,70 km)

Le grand pont de bois

C’est la curiosité de la cinquième étape de l’Altmühlweg : le pont de bois Tatzlwurm, à la hauteur de la petite ville d’Essing. Sa longueur ? 193 mètres au-dessus du canal du Main au Danube. Pour le franchir, les cyclos mettent pied à terre.Ils prennent le temps d’admirer l’ouvrage et son profil ondoyant ou d’échanger quelques mots avec des promeneurs.

Ce pont de bois était l’un des plus longs du genre, lors de sa mise en service en 1986.

Depuis Beilngries, la vallée de l’Altmühl s’élargit. Des forteresses, accrochées au versant bien exposé, surveillaient depuis l’époque romaine échanges commerciaux et mouvements stratégiques sur cet axe. Certaines sont en ruines. D’autres, comme le château de Prunn, posé sur un piton rocheux, conservent une fière allure. Un fossé de 20 mètres de large et de 9 mètres de profondeur séparent de la montagne le castel restauré et transformé en palais..

Un peu plus en aval, les vestiges du château de Randegg évoquent un puissant  bastion, le dernier sur le cours de l’Altmühl avant son confluent avec le Danube.

La piste cyclable passe d’une rive à l’autre du canal en enjambant des  écluses conçues pour des péniches de fort tonnage. Le dernier tronçon monte en forêt puis plonge sur Kehlheim. Un bâtiment tout rond, imposant, apparaît au sommet d’une colline.

Il a été érigé à la demande de Louis 1er, roi de Bavière et commémore les batailles victorieuses contre les armées  napoléoniennes en 1813 et 1814. Des statues, allégories des tribus allemandes, ornent la façade circulaire. Sous la coupole, la place d’honneur revient à des déesses de la victoire, sculptées dans du marbre de Carrare. Depuis les terrasses du mémorial, le panorama s’ouvre sur l’Altmühl canalisée, le Danube et la sympathique ville de Kelheim (15 000 habitants).

La vallée expliquée

De très nombreux panneaux  jalonnent l’Altmühlweg. Ils sont consacrés à l’histoire, à la  géologie, aux aménagements hydrauliques, à la faune, à l’archéologie.   

Des reconstitutions – un fort romain, une maison sur pilotis de l’âge du bronze (2300 à 1600 avant J-C)…- complètent l’information des visiteurs.

Voilà à quoi ressemblait l’habitat de la région, à l’âge du bronze.

Etape 6 : Kelheim – Regensbourg (38,48km)

Le beau Danube bleu

Du Danube, je ne connaissais que la source. Sur le versant Est de la Forêt-Noire. Au fond d’un vallon, entre deux auberges de montagne. 

Et voilà que j’ai sous les yeux l’un des grands fleuves d’Europe (2 850 km). Un bateau qui remonte ses gorges, entre Kelheim et l’abbaye de Weltenburg, m’attend. 

L’histoire raconte que le fleuve a délaissé son premier lit pour en creuser un second dans le calcaire du Jura franconien. Il s’est frayé un passage entre les énormes rochers que frôlent les embarcations touristiques. La Weltenburger Enge avec ses 5,5 km, passe pour être le site le plus remarquable du Danube sur son parcours vers la mer Noire.

De retour à Kelheim, nous reprenons nos vélos et nous saluons l’Altmühl quand elle se jette dans le fleuve. A présent, direction Rengensburg (Ratisbonne). 

Le Danube est vraiment bleu quand le soleil brille.
Sur un tronçon sinueux de cinq kilomètres le Danube se faufile entre d’imposants rochers calcaires.

Ski nautique, hors-bords, baignade

Une atmosphère estivale  s’empare des rives du Danube. Ce jour-là, il mérite bien le titre que Johann Strauss a donné à sa valse la plus célèbre. Le fleuve devient le terrain de jeux des pilotes de hors-bords ou de jet-skis, des adeptes du ski nautique. Les baigneurs s’agglutinent sur le moindre banc de gravier.

La piste cyclable, draine des grappes de cyclistes et  nous conduit directement au cœur de la grande ville (190 000 habitants). Nous repérons d’emblée les flèches de la cathédrale Saint-Pierre. La découverte du vaste édifice gothique (85 mètre de long) s’impose. Sa construction a débuté en 1260 et ne s’est terminée qu’au XIXe siècle. Ses vitraux datent des XIIIe et XVe siècles. Ils forment l’un des ensembles de verrières les plus étoffés d’Allemagne.

En descendant vers le Danube, nous rencontrons d’autres lieux de culte, dont une sous-cathédrale au mobilier baroque. Et nous nous dirigeons vers un site emblématique de Ratisbonne, le Pont de Pierre. C’est le doyen des ponts allemands. Il a longtemps été le seul passage sur le Danube entre Ulm et Vienne. Le robuste ouvrage est désormais réservé aux piétons et aux cyclistes qui rejoignent ou quittent le centre-ville. Là ou l’animation monte crescendo alors que le jour décline.

Les terrasses des restaurants sont bien remplies et les dispositions sanitaires du moment respectées à la lettre.

Avec ses 150 édifices classés monuments historiques, Regensbourg est  inscrite depuis 2006 au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est une ville prospère. Elle mérite vraiment qu’on s’y attarde. 

Baptême bavarois

La Bavière est un Land catholique. Les traditions religieuses y sont vivaces. Pour les fêtes, les Bavarois se mettent sur leur trente-et-un et revêtent les tenues typiques de leur région. Robe « Dirndl » pour les femmes, pantalon de cuir, chemise blanche et veston pour les hommes.

Sur le bateau qui remonte les gorges du Danube depuis Kelheim, nous avons rencontré toute une famille en tenue traditionnelle. Elle se rendait dans l’église baroque de l’abbaye bénédictine de Weltenburg pour le baptême d’une petite fille.

Sur le bateau, les membres de la famille ont porté un toast à la santé du bébé et de ses parents
La même fine couronne de fleurs pour la maman et l’enfant

En pente douce

L’Altmühl prend sa source à 460 mètres d’altitude. Au bout de 220 kilomètres elle se jette dans le Danube, à Kelheim (343 mètres au dessus du niveau de la mer). La piste cyclable, avec son modeste dénivelé, suit grosso modo le  cours de la rivière et descend la vallée en pente douce. Les raidillons vers les châteaux ou monuments accrochés à la montagne sont tous optionnels. Idem pour les quelques variantes autour de l’Altmühlweg. Pour découvrir et pouvoir présenter ce séjour  bavarois, nous avons couvert 361,2 kilomètres (soit une moyenne moyenne de 60,2 km/jour), totalisé 2165 mètres de dénivelé positif et pédalé pendant 23heures et 15 minutes. Tout cela au cœur d’un vaste parc naturel. Et loin du tumulte des grandes villes.

Cette randonnée à vélo est facile, plaisante. Rassurante aussi. Elle montre que l’homme sait préserver son cadre et sa qualité de vie.


Gourmandises bavaroises – Après l’effort

Les tables bavaroises sont généreuses, variées. Leurs spécialités goûteuses, abordables se dégustent avec les bonnes bières de la région. 

Après avoir pédalé sur une cinquantaine de kilomètres, s’installer dans un Biergarten ombragé est un petit bonheur. On y sert  le plus souvent les bières brassées sur place. A la pression évidemment. Qu’elles soient blondes, blanches ou brunes, elles restent légères, désaltérantes, impeccablement servies avec leur chapeau de mousse.

Quand vient l’heure du dîner elles accompagnent délicieusement, les saucisses grillées et bien relevées de Franconie, les poissons pannés, les harengs recouverts d’une rémoulade et accompagnés de croustillantes pommes de terre, la charcuterie ou les salades à l’assaisonnement aigre-doux.

L’agneau et les tartes aux fruits

L’Altmühltal doit sa réputation gourmande à la viande d’agneau. Chaque restaurant a ses secrets, ses recettes pour l’accommoder. A Kelheim, nous sommes descendus au Weisses Lamm (L’Agneau Blanc) que tient un couple franco-allemand. Laura la fille de la maison, s’est formée à l ‘école hôtelière de Regensburg ; Eric, son mari français, à celle de Nice. Le couple a exercé à Oxford, puis à New York. Avant de revenir à Kelheim prendre les rênes de l’hôtel-restaurant familial fondé il y a deux siècles. L’Agneau Blanc accueille de nombreux cyclistes dans ses 35 chambres. 

Pour Eric Devesa, 40 ans, le dépaysement était total «Je redoute toujours les frimas de l’hiver. » Pas étonnant. Il a grandi sur la Côte d’Azur. « Pour la langue, j’ai suivi pendant deux mois des cours intensifs d’allemand à Munich. Il  me reste quelques difficultés de compréhension avec les accents de clients venant de régions différentes».

Ce soir-là, je me suis régalé d’une souris d’agneau (Lamm Haxe) fondante nappée d’une sauce légère et d’une Semmelknödel. « Ce sont des boules préparées avec des œufs, du lait, du beurre, du pain, des épices, dont la noix de muscade... précise Laura. Elles sont ensuite cuites dans l’eau bouillante ». 

Pour le dessert, au Weissen Lamm ou ailleurs, les tartes aux fruits – aux  quetsches en août – et les gâteaux-maison ont la cote. Le repas se termine souvent sur une goutte d‘Obstler, un alcool de pommes et de poires.

De quoi se requinquer pour l’étape du lendemain.

Bon à savoir

Commerces Ils ouvrent tôt et ferment tôt (8h-18h) Egalement fermés le samedi après-midi et le dimanche, dans les petites villes.

Musées, châteaux – Ils accueillent les visiteurs de 10h à 18h. Des horaires à prendre en compte dans le programme d’une étape

Pandémie – Le port du masque est obligatoire dans tous les lieux publics. Les mesures de distanciation sociale sont scrupuleusement respectées dans les commerces, les hôtels et restaurants, par les clients et par le personnel. Dans les établissements de grande capacité, à Rothenburg ou à Regensburg, la réservation de la plage horaire et du contenu du petit déjeuner se fait la veille dès l’arrivée. 

Dîner – Les Allemands dînent tôt. A partir de 19h30, les tables se libèrent dans les restaurants. Prix modérés : plat-dessert de 15€  à 20€

Vélos – Il est préférable de les laisser à l’hôtel, s’il n’est pas trop excentré, pour visiter Rothenburg et Regensburg, ou pour faire la promenade en bateau à Kelheim.

Bagages – La société Radweg Reisen les transfère chaque matin d’un hôtel à l’autre. Achtung ! Valises et sacs de voyage doivent être déposés à la réception à 9h.

Internet –  Sur le site i-trekkings.net, découvrez les reportages de Bernard Frantz. Avec, bien entendu celui qu’il consacre à l’Altmühlweg.

Y aller

Où est-ce ? – Rothenbourg se trouve à  130 km au nord-est de Stuttgart et à 280 km de Strasbourg. Ratisbonne est située à 130 km au nord de Munich.

Réservations à l’agence Grand Angle – trek et vélo

Sept jours et sept nuits avec petit déjeuner en hôtel**, de 565 € à 745€ en fonction de la saison (tarifs 2020)

Possibilité d’ajouter une nuit supplémentaire à Rothenburg et de prolonger l’étape et la découverte de Ratisbonne.

Départs de début avril à mi-octobre

En liberté. Livret de voyage fourni

À propos de l’auteur

Daniel Walter fait ses armes de jeune journaliste à La Liberté de l’Est, le quotidien d’Épinal (Vosges). Il collabore avec plusieurs titres régionaux et l’Agence France Presse. Puis il rejoint la rédaction des Dernières Nouvelles d’Alsace. Il termine son parcours alsacien à la tête de la rédaction de Colmar.

Daniel Walter consacre plusieurs livres à des sujets aussi vosgiens et qu’alsaciens : 

  • – Paul Litzelmann, l’abbé des Ballons (Éditions Gérard-Louis, en 1997) 
  • – Le Munster (1999), 
  • – Camille Braun  -La Grande Guerre à coups de crayon (Editions du Tourneciel  2017)

Devenu journaliste indépendant, il guide et épaule les bénévoles qui réalisent le livre La Vancelle naturellement (Editions du Tourneciel 2016), participe à des actions patrimoniales et intervient  sur différents supports .

Aller plus loin

[instagram-feed feed=2]
0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *