Lorsque Maud nous a proposé d’écrire un article où elle évoquerait l’évolution et les différences entre le voyage à vélo avec enfants et le voyage à vélo avec des ados, nous étions vraiment emballés. Il faut dire que les enfants sont très peu évoqués sur ce blog. Ce n’est pas un choix, simplement un sujet que nous ne connaissons pas et maîtrisons encore moins.
Nous sommes d’autant plus heureux aujourd’hui à la lecture de cet article passionnant. Rien de plus beau que de lire le récit d’une famille heureuse de ses voyages ! Ça nous donnerait presque l’envie de nous y mettre.
En 2014 les enfants avaient 6 et 8 ans. Nous étions partis avec 2 follow me et comme discours : « Vous pédalerez quand vous voudrez, nous ne vous y obligerons jamais ». Notre fille, l’ainée avait donc commencé le voyage en pédalant 5 km par jour. Cela a duré le premier mois. Nous étions un peu dubitatifs, pensant qu’elle ferait plus mais nous n’avons rien dit et avons continué à la féliciter de ses 5 km journalier. Youhou…
Au bout d’un mois elle avait fait 150 km ! Et, les jours passant elle s’est mise en tête de battre chaque jour son record du jour précédent. Finalement le dernier mois elle enchainait les journées de 60km en autonomie. Finalement, elle avait pédalé 1500 km en autonomie sur ce voyage là mais toujours avec le sourire. Le plus jeune n’avait lui fait que peu de km seul, sa trajectoire n’étant pas toujours rectiligne…Il était stressant pour nous parents de le laisser pédaler seul.
Quand 5 ans plus tard nous décidons de repartir pour un long voyage, cette fois plus question de follow-me. Tout le monde pédale ! Nos enfants ont désormais 11 et 13 ans. Les enfants sont ravis. Il faut dire nous passons nos étés en vacances à vélo. C’est pour eux une « normalité ». A la fin du voyage dernier nous avons réalisé que notre fils avait passé 10% de sa vie en voyage à vélo ! Et cette fois ils ont tous deux intégralement parcouru les 8 000 km sans assistance.
La soif d’autonomie
Les enfants ayant soif d’autonomie souhaitent avoir chacun leur tente. Grande discussion…
Moi, la maman : « Mais vous n’avez pas peur, seuls dans votre tente ? ».
Eux : « Peur de quoi ???? ».
Moi : « Heum….ok d’accord ».
Il est vrai que l’on a habituellement tendance à rationaliser nos emports…Limiter les doublons, faire attention au poids. Et se balader avec 3 tentes pour 4, ne respecte pas forcément ce crédo. Mais il nous semblait important qu’ils puissent avoir chacun leur propre espace et conserver leur propre intimité. De plus il était aisé de tout ranger le matin. Je me souviens d’un homme qui a passé 15 min à nous regarder ranger un jour et est venu me voir à la fin et me dire : « C’était comme un ballet, chacun sait ce qu’il a à faire. »
L’école sur la route
Ils transportent donc chacun avec fierté : leur tente, leurs matériels de couchage, leurs vêtements et leurs affaires d’école. Parce qu’autant lors du voyage précédent Grande Section et CE2, l’aspect scolaire était limité…Autant là en CM2 et 4ème, en loupant 4 mois de cours…Il a fallu travailler un peu.
Le plus jeune a fait un carnet de voyage et écrit minimum 4 lignes de texte journalier que nous avons ensuite mis en page pour l’échanger avec sa classe. L’ainée a appris à travailler en autonomie. Elle s’est débrouillée avec ses manuels numériques et des vidéos Youtube pour les cours d’histoire.
Pour certaines matières elle a trouvé qu’il était facile et plus efficace de travailler seule. Pour d’autres les professeurs lui ont manqué. Ils ont tout deux repris les cours en septembre avec facilité et sans retard scolaire. Neela est revenue de ce voyage presque bilingue. Par contre pour son frère qui n’avait pas les bases minimums d’anglais au début du voyage la progression a été moins évidente.
Un rythme que l’on adapte selon chacun
Concernant le rythme après quelques jours nous avons constaté que même s’ils n’ont que 2 ans d’écart les enfants avaient une cadence bien différente. Il faut dire l’ainée a déjà presque atteint sa taille adulte et pédale au même rythme qu’un adulte. Elle pédalait parfois seule devant et nous attendait à l’ombre d’un arbre. Le plus jeune se sentait parfois frustré d’être la personne qui nous ralentissait.
Donc après quelques temps nous avons finalement adapté un nouveau rythme. Le matin nous pédalions ensemble. Et en 2eme partie d’après-midi, Neela pédalait avec son père. Tandis que moi et Célian avancions tranquillement à notre rythme. Nous sommes parfois arrivés avec quelques heures de retard sur eux mais le lieu de couchage était trouvé, le repas prêt…Et tout le monde était content et détendu.
Des enfants qui deviennent adultes
Lorsque nous sommes partis nous imaginions un voyage globalement semblable au précédent. Nous savions que nos enfants avaient grandi mais n’avions pas réalisé à quel point cela changerait le voyage. Assez vite nous avons réalisé que nous étions cette fois une équipe, les enfants étaient vraiment acteur de ce voyage. Nous décidions ensemble de la répartition des miles (kilomètres) des étapes à venir, et de l’organisation des jours de pauses. De même lorsque la météo n’était pas favorable ils se comportaient comme des adultes et n’attendaient pas que d’un coup de baguette magique nous fassions apparaitre le soleil.
De plus cela était aussi beaucoup plus facile pour notre couple. Lorsque dans la journée nous nous arrêtions dans des endroits propices à la ballade nous pouvions partir marcher une petite heure. Les enfants étaient rarement motivés pour marcher.
Dans notre vie habituelle nous ne leur laissons pas le choix mais là, vu qu’ils pédalaient sans râler, ils pouvaient profiter des pauses pour lire, jouer, faire leurs devoirs…Et très utile : surveiller les vélos 😉. Lorsque nous étions en ville et que nous dormions dans des motels il nous est aussi arrivé de leur acheter un fast-food à manger dans la chambre et d’aller manger en amoureux dans le restaurant d’à côté. Tout le monde était content !
Une famille renforcée
Ce voyage a vraiment été une super expérience familiale. Nous avons adoré vivre ensemble et ne pensions pas que nous nous retrouvions 24 heures sur 24 ensemble si vite… On peut dire qu’on était prêt pour le confinement lié au coronavirus. Les enfants ayant appris à travailler en autonomie, la classe à la maison ne leur fait pas peur. Qui aurait cru qu’un voyage à vélo ferait de nous des confinés sereins.
Avant le voyage nous envisagions une expatriation lointaine, afin de vivre l’immersion plus statique dans un autre pays. Les enfants étaient alors moyennement motivés pour quitter définitivement la maison, leurs amis. Au retour de ce voyage ils ont soif d’aventure, et sont hyper motivés pour ce projet d’expatriation.
En route pour de nouvelles aventures, direction le Québec, où nous devrions partir nous installer (une fois l’épidémie passée) avec en mémoire de beaux souvenirs.
Où suivre les aventures des Cyclopathes ?
Sur leur site : les Cyclopathes
Ou
Un grand merci à Maud pour cet article très enrichissant.
Aller plus loin
Pour occuper le confinement, nous avons proposé aux cyclovoyageurs de s’exprimer sur notre blog. Soit sous forme d’article invité, soit sous forme d’interview. Si vous voulez intervenir aussi, n’hésitez pas à nous contacter via le formulaire de contact ou à contact (at) un-monde-a-velo.com et dites-nous tout !
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Merci pour ce partage. Nous passons nos vacances à vélo avec les enfants depuis 5 ans maintenant et nous aussi, ça nous a nourris pendant le confinement. Notre aîné a maintenant 11 ans et besoin d’un vélo XS. Auriez vous un conseil?
Pour le coup, nous ne nous sommes jamais penchés sur la question des vélos enfants. Peut-être voir s’il y a une version XS d’un de ces modèles : https://un-monde-a-velo.com/velo-de-voyage-meilleurs-modeles/ ?
Bravo à cette sympathique famille pour leur belle aventure en vélo ! Je vais visiter leur site ! Merci Mila pour ce partage, porte-toi bien et le bonjour à Denni !
Merci beaucoup Gérard pour ce petit mot. Porte-toi bien également 🙂