Comment gagne-t-on notre vie avec Un Monde à Vélo ?

par | Mis à jour le 05/03/2024 | Nos réflexions sur le voyage | 5 commentaires

Force est de constater que nombreux sont les fantasmes concernant notre blog et notre rémunération de blogueurs… La seconde partie fait d’ailleurs l’objet des théories les plus dingues. Cela va de la gentille question sur Instagram où l’on nous demande comment on fait pour vivre de notre compte (spoil : on n’en vit pas) aux critiques virulentes sur des supposées opérations financières avec des marques qui n’ont simplement… jamais eu lieu !

Mais finalement qui connaît vraiment notre métier, à part ceux qui baignent dans le milieu ?

Nous avons toujours essayé de faire au mieux, de rester neutres, inclusifs, indépendants. Oui, évidemment, personne n’est totalement neutre dans ce domaine et nous avons nos affinités et préférences.

Globalement, si nous faisons le ratio temps passé sur le blog / paie qui en découle, Un Monde à Vélo serait un bon vieux navire qui prend l’eau. Mais la passion ne se compte heureusement pas en euros. Ce média c’est mon petit bébé. Le bonheur qu’il m’amène est bien supérieur à ce que pourrait valoir une paie bien plus conséquente en entreprise.

Aujourd’hui, j’arrive à vivre à 100% de ma passion oui. Denni alterne périodes d’activité ici et travail saisonnier de son côté. Le travail derrière un écran ne lui sied pas, il est donc plutôt là pour les reportages. Son job commence ensuite en octobre et se termine en janvier ou février selon la saison !

Alors quelle est cette grosse machine qui nous rémunère et grâce à laquelle nous pouvons vivre ? Levons enfin le voile…

1. La photo avant tout

La création de contenus visuels représente 70 à 80% de notre chiffre.

La majeure partie de nos revenus sont liés directement à la photographie. En gros, cela concerne la cession de nos droits d’auteurs sur nos photos et, dans une moindre mesure, sur nos vidéos. C’est bel et bien une machine qui nous permet de vivre : un Sony A7iii et ses quelques objectifs qui coûtent beaucoup trop chers. Machine accompagnée parfois d’une autre machine : le drone pour lequel il a fallu être brevetés !

2. Les reportages

Au moins 10% de nos revenus.

Les reportages sont des voyages que l’on mène en partenariat avec des destinations et pour lesquels nous sommes rémunérés. Nos clients sont des offices de tourisme, comités régionaux, agences de développement touristiques, comités d’itinéraires, à l’occasion des marques ou agences de voyage .

En général, nous essayons d’organiser nous-même les étapes, mais le temps ne nous le permet pas toujours. Les reportages concernent tous les articles où il est précisé que nous avons été sur place suite à un partenariat. Nous pouvons relater notre expérience comme bon nous semble.

C’est difficile de quantifier la proportion que cela prend dans notre rémunération car les reportages sont quasi systématiquement accompagnés de commandes de contenus, d’un audit de l’itinéraire et de plein d’autres petites missions… Le “petit” article sur notre blog n’est que la partie émergée de l’iceberg et ne fait parfois même pas partie du contrat.

Les articles concernés par les partenariats de ce type correspondent à 15 % de la totalité de nos articles. Ils restent dans la même ligne que les autres articles du blog sauf que l’on y trouve plus d’infos parce que nous faisons plus d’activités et visites dans ce cadre-là !

3. Les divers écrits pour des clients

Environ 75 % de mes revenus lors de la période hivernale.

Rédaction pour des agences de voyage, guides touristiques, livrets touristiques distribués dans des offices de tourisme, commandes de textes pour des sites internet : mon métier est très varié lorsque nous ne pédalons pas. D’ailleurs, avec toutes ces missions, je n’ai pas toujours du temps à consacrer au blog d’Un Monde à Vélo. Si les articles sortent parfois au compte-goutte, c’est bien parce que je n’arrive pas à être sur tous les fronts !

4. L’affiliation

8% de nos revenus.

L’affiliation c’est quoi ? C’est le fait de mettre un lien suivi vers un site marchand depuis l’un de mes articles. Exemple : je parle d’un produit dans un article, si un des sites avec lesquels je suis partenaire affiliée vend ce produit, j’insère un lien affilié sous le nom du produit. Si vous cliquez dessus et achetez le produit, je perçois une commission. Cela ne change absolument rien pour vous, mais permet de rémunérer mon travail.

L’affiliation, j’ai mis beaucoup de temps à commencer à en mettre et je suis bien loin de l’avoir mise en place partout sur ce blog (c’est très chronophage à faire et je procrastine beaucoup). Ça ne concerne pas tous les articles. Et ça ne concerne pas tous les produits que je recommande. Ce que j’apprécie, c’est que ça permet de vraiment sélectionner le produit sur lequel je fais un retour et m’évite, pour l’instant, d’installer de la pub intrusive sur le blog !

En 2021, l’affiliation a apporté 20€ de bénéfices après avoir remboursé tous les frais liés au site. En 2022, c’était un peu plus, mais on parle de quelques centaines d’euros. En bref, ce n’est qu’un petit complément qui sert surtout à payer les frais de gestion directement liés à Un Monde à Vélo comme l’hébergement, les noms de domaine, la Suite Adobe, Créazam (qui m’a bien aidée à l’occasion), les plug-ins payants, les assurances, etc.

5. L’influence ? Pas vraiment

Cela ne fait pas partie de la rémunération d’Un Monde à Vélo.

Je ne mène pas de campagnes d’influence sur ce blog. Pour le reste, je ferais une bien piètre influenceuse d’ailleurs. Je n’accepte pas d’écrire des articles rémunérés malgré les propositions quotidiennes. Je n’accepte pas qu’une marque publie à ma place.

À quelques occasions, lorsque cela est totalement cohérent avec notre ligne éditoriale et apporte un vrai plus aux lecteurs, j’ai accepté la publication de posts rémunérés sur Instagram et Facebook. Ils ont tous été indiqués en tant que tel. Ah oui, quand je parle de rares occasions, c’est arrivé 3 fois depuis 2017.

6. Sponsors / dotation produits

Est-ce que l’on peut parler de rémunération ? Non. Une dotation, c’est très différent.

J’aime connaître les produits du marché et rédiger des tests produits, lorsque j’en ai le temps. Seulement, les financer moi-même me ruinerait ! Le matos technique coûte une fortune et j’en paie déjà une belle partie. Pour le reste, j’accepte régulièrement des dotations. Les journalistes de la presse spécialisée reçoivent d’ailleurs tout autant de produits, ça fait bien longtemps que ça fait partie de la norme.

C’est quoi le deal ? Cela diffère selon les marques. Certaines sont hyper exigeantes et nous demandent des choses très spécifiques en échange. Dans ce cas-là, je refuse. Je l’avais déjà évoqué dans mon article sur le sponsoring, parfois, on perd aux changes. Surtout que depuis 2023, cela est considéré comme une rémunération et nous devons donc déclarer la valeur du produit. Produit dont nous n’avons pas souvent besoin…

Par exemple, j’ai préféré me payer mon dernier vélo. Le contrat avec un potentiel sponsor ne me plaisait pas car il exigeait l’exclusivité de la présence de la marque sur nos supports ! Ok j’aurais obtenu le prêt d’un gravel “gratuitement”, mais à quel prix ?

En revanche, la plupart des marques nous laissent tester les produits comme bon nous semble et il n’y a pas de contrat spécifique. C’est le jeu de la dotation d’ailleurs, qu’on en dise ce que l’on en pense. Parfois, je n’écris rien. Problème de temps ou déception. Parfois, j’ai le temps d’écrire un article. Parfois, je me limite à des stories sur Instagram. Bref, j’en parle quand je peux, mais les dotations ne sont pas vraiment ma priorité. C’est une infime partie de ce que je fais. Pourtant, c’est l’objet des fantasmes les plus fous.

Légendes urbaines VS réalité

Mon travail n’est ni plus ni moins un travail comme un autre. Un Monde à Vélo se rémunère comme n’importe quel média : comme il peut. C’est vrai, c’est un métier passionnant et il y a un grande partie de fun et de rêve quand on le voit de l’extérieur. Puis, il y a cette liberté de vivre comme on l’entend, de partir quand on le souhaite et ça pèse très très lourd dans la balance du positif de ce métier. En 2021, nous avons fait une césure de plusieurs mois, sans que cela ne pose problème au retour. Alors non, nous n’avons pas la sécurité de l’assurance chômage, notre cotisation pour la retraite est dérisoire, mais ça nous convient !

Cela implique son lot d’heures derrière un ordinateur à mener une activité très chronophage. C’est un métier qui vient avec ses inconvénients. Il y a énormément de pression, d’incompréhensions. On ne compte pas ses heures, il faut être bon partout mais on n’est jamais assez bon nulle part… Sans compter le vol beaucoup trop fréquent de notre contenu, qu’il s’agisse de nos articles, nos photos ou nos vidéos, les campagnes de dénigrement menées par certains juste parce que l’on est exposé, la concurrence parfois un peu tordue et malsaine de la part de certains blogueurs…

Pour simplifier le tout, Un Monde à Vélo et la communication que je mène autour sur les réseaux nous permet d’avoir une visibilité et une vitrine pour travailler en tant que créateurs de contenus. Ce blog, c’est juste la grosse partie de plaisir de mon travail. Il fait aussi partie d’un tout et notre professionnalisation n’existerait pas sans lui.

Rien que pour tous les messages de remerciements que je reçois, je ne regrette pas un seul de ces moments passés derrière mon écran à constituer cette base essentielle au voyage à vélo, à la vulgarisation autour de cette activité. Je suis fière de voir que notre blog est autant lu par les femmes que les hommes. Que nos détracteurs me croient ou non, finalement, cela a peu d’importance à mes yeux !

Mila - rédactrice Un Monde à Vélo

À propos de l’autrice

Mila

En 2017, à l’occasion de son premier tour d’Europe à vélo, Mila commence à partager ses expériences de baroudeuse. Passionnée de photographie et engagée, elle lance le média Un Monde à Vélo. Son objectif : rassurer dans un discours ambiant du dépassement de soi et rendre la thématique du cyclotourisme accessible à tous et surtout à toutes. 

[instagram-feed feed=2]
5 Commentaires
  1. Tatiana B

    Bonjour Mila,
    Intéressant de lire cet article au ton sincère et qui me.permet de mieux comprendre votre rémunération. Car effectivement, je me suis déjà posé la question de comment vous remercier – autrement que par un message, qui est certes agréable mais ne remplit pas la gamelle 😉 Avez-vous étudié l’idée d’avoir un compte Tipee ? Sans espérer que cela devienne une grande source de revenus, cela peut être un petit plus pour vous, et certains lecteurs et lectrices seraient probablement contents de donner un petit quelque chose, même symbolique. Je glisse l’idée 🙂
    Merci encore pour tous ces contenus, et bonne continuation !

    Réponse
    • Mila

      Bonjour Tatiana,

      Oh c’est adorable, merci beaucoup pour ces mots ! À vrai dire, je n’ai jamais osé lancer de cagnottes ou autre. Comme nous nous en sortons assez bien comme ça, ça nous convient bien pour le moment. Peut-être que si un jour nous rencontrons quelques difficultés à continuer, nous tenterons ! Merci pour l’idée en tout cas.

      Bonne journée !

      Réponse
  2. ferrand clara

    Bravo pour cet article 100% transparent, c’est vrais que la plupart des gens ignorent le type de travail concret qu’il y a derrière notre métier.

    Réponse
  3. gobois64

    Bonjour Mila,
    De tous les sites de cyclotourisme que je consulte depuis quelques temps, ton blog est celui que j’apprécie le plus. La relation de vos aventures encourage à la pratique du tourisme à vélo, le contenu de tes articles est un vrai plaisir à lire tant au niveau de l’écriture que de la documentation pratique et iconographique. La sincérité de tes propos, le partage de conseils judicieux tant au niveau des itinéraires, des variantes que du matériel utilisé est toujours bien documenté. L’ergonomie de ton blog ajoute une touche supplémentaire et agréable à sa consultation.
    Bravo Mila pour la franchise et la sincérité de ton article d’aujourd’hui qui j’espère fera taire tous ces aigris du net qui perdent leur temps à dénigrer ce qu’ils ne peuvent pas faire eux-mêmes. L’énergie et le temps que tu dépenses à faire vivre ton magnifique blog ne mérite que des éloges. Votre parcours de vie est plus que respectable tant votre investissement transpire au travers de vos articles. Personnellement je me régale à lire chacun de tes articles. Courage Mila, ignore les aigris. Ta passion pour le voyage à vélo est si belle et si communicative que “chapeau bas” à toi et à Denni.

    Réponse
    • Mila

      Bonjour Gérard,

      Un grand merci pour ton retour qui fait, comme toujours, très chaud au coeur ! J’y mets vraiment beaucoup de coeur alors ça me fait énormément de bien de lire ça.

      Ça faisait très longtemps que j’avais cet article en tête, parce que je trouve aussi que ça fait du bien d’en parler. Puis certains évènements ont un peu précipité les choses ce week-end 🙂

      Il y a beaucoup de fantasmes, d’idées reçues autour de nos métiers. Les gens ne sont pas entièrement à blâmer, notamment parce que la presse a tendance à confondre les influenceurs et les créateurs de contenus et à en dresser un portrait assez peu flatteur sans y mettre de nuances. On pense notamment à cette minorité d’idiots vivant à Dubaï qui ont le monopole dans la presse !

      En attendant, je te souhaite une très bonne soirée et à bientôt 🙂

      Réponse

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *