Aujourd’hui, je vais évoquer un sujet un brin délicat. Les règles en voyage à vélo, ce n’est pas forcément le sujet le plus glamour qui soit. Pourtant les questions que se posent les femmes sont si nombreuses qu’il était temps que j’aborde la thématique.
J’admets avoir écrit et réécrit cet article des dizaines de fois. Seulement lorsque l’on touche à l’intimité des menstruations, ma pudeur prend le dessus. C’est révélateur de tout le tabou qui règne autour de ce sujet et qui s’est imprégné dans mon esprit dès le plus jeune âge.
Effectivement, les règles pendant un voyage à vélo constituent une vraie contrainte. Et oui, c’est important d’en parler!
J’ai lu quelque part que les femmes ont leurs règles partout et que les produits hygiéniques sont donc accessibles partout. Mais soyons un peu sérieuses (ah ce conseil simplet m’a énervée…), vous vous voyez faire du vélo avec une serviette hygiénique industrielle parce que vous n’avez rien trouvé d’autre ? Autant vous dire que l’idée de passer plusieurs heures assises sur ce machin inconfortable qui nous colle partout et se défait avec les mouvements de pédalage ne semble pas réjouissante. Les menstruations sont déjà assez pénibles, ce n’est, selon moi, même pas une solution envisageable.
Quelques solutions de protections hygiéniques s’offrent alors à nous :
- La coupe menstruelle (la “cup”)
- La culotte menstruelle
- Les serviettes lavables
- Les tampons
La coupe menstruelle
La coupe menstruelle ou la “cup” est la solution pour laquelle j’ai opté personnellement. En tout cas, en partie. C’est à la fois pratique, écologique et confortable, car je ne la sens pas du tout. Mais attention, il faudra probablement raccourcir un peu la tige pour être totalement à l’aise sur la selle.
Cette solution convient :
- Si vous êtes à l’aise avec votre corps (pour celles qui ne l’ont jamais testée, la mise en place ou la vider peut être bloquante)
- Si vous avez accès à l’eau facilement
- Si vous avez plusieurs solutions de repli si l’accès à l’eau est rare.
Évidemment, la coupe menstruelle n’est pas la solution parfaite en voyage à vélo. Mais elle a l’avantage de ne pas se faire sentir, d’être facile à transporter et à nettoyer. Aussi, c’est une protection hygiénique durable et économique. Une simple coupe menstruelle peut être utilisée jusqu’à 5 ans !
Elle pose notamment plus de difficultés pour celles qui pratiquent le bivouac car l’eau peut manquer. C’est aussi parfois gênant quand, en pleine nature, il faut aller la vider dans un coin perdu et la rincer avec l’eau de sa gourde. D’autant plus qu’il y a parfois du passage ! Il m’a parfois fallu attendre que la nuit soit bien tombée pour pouvoir le faire.
Nous évoluons cependant majoritairement non loin de la civilisation (même si ça peut arriver, bien entendu). Les restaurants, bars et toilettes publiques (selon les pays) sont assez fréquents sur la route. Avec un peu de chance, ils ont peut-être même un lavabo dans les toilettes, mais au pire, on peut toujours s’y rendre avec une petite bouteille d’eau / notre gourde.
Les différentes tailles de coupes menstruelles
Il existe différentes tailles de cup. Certaines sont vraiment toutes petites, d’autres sont prévues pour les règles plus abondantes. Pour ma part, j’utilise la plus petite qui existe car je trouve cela plus confortable. Je la vide deux à trois fois par jour environ et ça ne m’a jamais posé de problème. J’ai celles de la marque Claricup (attention, à vider toutes les 6h) et Organicup.
Si vous n’êtes pas à l’aise avec les cup plus grandes mais que vos menstruations sont importantes, peut-être qu’il vous faudra opter pour une plus petite. Vous aurez simplement à la vider plus régulièrement ou à la compléter par une culotte menstruelle si besoin.
Si vous ne la connaissez pas encore, notre amie Laura, des Globes-Blogueurs, a fait un super article pratique et ultra-complet sur la coupe menstruelle !
Conseils d’entretien
Si certaines se contentent de rincer leur coupe menstruelle, je la nettoie pour ma part systématiquement avec du savon de Marseille ou d’Alep, selon nos trouvailles sur la route.
Pour le transport, j’utilise le petit tissu fourni avec la cup. Il existe aussi des petites boîtes en plastiques, fournies avec certaines coupes menstruelles, mais je les trouve assez encombrantes.
Aussi, et particulièrement en voyage, je stérilise ma cup avant le premier jour de mes règles. Surtout parce qu’elle traîne dans les sacoches pendant un mois, enveloppée dans son tissu. J’ai trouvé un stérilisateur pliable que je fais bouillir pendant 10 min avec la coupe menstruelle dedans. C’est efficace et discret (si on le fait dans le micro-ondes d’une cuisine commune par exemple).
Coupe menstruelle et choc toxique
Extrêmement rare mais très dangereux, le choc toxique peut survenir si l’on utilise les tampons ou les coupes menstruelles de manière trop longue. Il touche particulièrement les plus jeunes d’entre nous. Pour les tampons, il est recommandé de ne pas dépasser 6h, ce qui en fait une protection hygiénique inutilisable la nuit. Concernant les coupes menstruelles, je n’ai trouvé aucune indication précise. Toutefois, par précaution surtout pour les jeunes femmes, mieux vaut la laver plus régulièrement et opter pour une autre protection hygiénique la nuit.
La culotte menstruelle
La culotte menstruelle est probablement la protection hygiénique que les voyageuses à vélo m’ont le plus recommandée. Confortable et pratique à vélo, elle offre une protection efficace. C’est d’autant plus une bonne solution, lorsque vous n’êtes pas à l’aise avec la coupe menstruelle. J’en utilise également pour ma part, en complément de la cup. Elles sont au nombre de deux dans mes sacoches.
Cette solution convient :
- Si vous n’êtes pas à l’aise avec la coupe menstruelle
- Si vous avez régulièrement accès à l’eau
- Si vous n’avez pas peur de les faire sécher sur votre vélo
- Si vous en avez plusieurs en réserve pour les zones désertiques
- En complément avec d’autres protections hygéniques
La culotte menstruelle, je trouve ça absolument cool. Mais c’est vrai qu’en voyage à vélo, il faut en prévoir au moins quatre pour pouvoir totalement opter pour cette solution. Et cela, si vous avez un sérieux accès à l’eau et êtes sûre d’être en mesure de les laver tous les soirs. L’ennui, c’est qu’elles ne sont pas rapides à sécher et qu’il faut parfois utiliser le vélo comme fil à linge.
Pour ma part, j’en prends quand même deux car, à la maison, je préfère de loin cette solution à la coupe menstruelle. À vélo, je les utilise à la fin de mes règles ou quand je sais que je vais pouvoir les laver rapidement. J’ai opté pour des culottes menstruelles pas trop chères de la marque Innersy au début, pour tester cette solution (j’aime bien la forme shorty). Et comme elles se révèlent être durables, confortables et efficaces (pour les menstruations modérées), ce sont toujours celles que j’utilise. Mais j’opterai sans doute plus tard pour une marque plus écologique.
Conseil d’entretien
La culotte menstruelle se lave facilement à la main. Avant de le faire, il est conseillé de la laisser tremper dans de l’eau tiède. En camping, je la lave sous la douche avec du savon de Marseille. C’est très efficace !
Les serviettes hygiéniques lavables
Les serviettes hygiéniques lavables sont peut-être en théorie plus pratiques pour le voyage à vélo car elles peuvent être embarquées en plus grande quantité et se conserver dans un petit sac en plastique quand elles sont sales. Le gros bémol, c’est qu’elles se ferment souvent avec des petits boutons-pression, pile poil au niveau de notre assise sur la selle.
Cette solution convient :
- Pour le soir et les nuitées
- Si vous n’aimez pas porter de sous-vêtements sous votre cuissard
Très différentes des serviettes industrielles collantes, les serviettes hygiéniques lavables sont mal foutues pour notre pratique. Plusieurs cyclovoyageuses m’ont témoigné avoir trouvé une solution alternative en les cousant elles-même et en utilisant du velcro à la place des boutons-pression.
Aussi, certaines cyclistes ont témoigné avoir opté pour cette solution pour avoir une protection hygiénique avec un cuissard de vélo. Pour cela, au lieu de fermer les pressions, elles laissent les rebords de la serviette sur le côté, dans le short. Comme les cuissards sont près du corps, ça ne bouge pas. En effet, en théorie (je sais que l’on est nombreuse à ne pas l’appliquer dans la pratique), les cuissards de vélo ne se portent que sans sous-vêtements.
Les tampons
Les tampons restent la solution optimale pour celles qui ne sont pas à l’aise avec le sang de leurs règles et le nettoyage qui découlent des solutions lavables. C’est également une solution alternative temporaire qui peut-être envisagée pour les traversées des zones désertiques où la gestion de l’eau est vitale.
Cette solution convient :
- Si aucune autre solution ne vous convient
- Si vous traversez des zones désertiques avec peu d’accès à l’eau
Je pense qu’avec la prise de conscience liée aux produits chimiques utilisés par les industriels, dangereux pour notre santé, nombre d’entre nous optent davantage pour les tampons bio. Encore faut-il en trouver dans tous les pays !
Si vous souhaitez des tampons bio, peut-être qu’il faudra songer à faire les stocks dans les grandes villes où vous aurez plus de probabilité d’en trouver. Ou, si vous avez d’autres protections hygiéniques comme la cup en complément, de songer à en prévoir quelques-uns avant le départ pour avoir une solution alternative dans les zones désertiques.
Le flux instinctif libre
C’est un sujet qui est encore peu abordé, pas très connu. Le principe du flux instinctif libre est d’être à l’écoute de son corps et de ressentir lorsque le sang coule, de le retenir un petit peu afin de l’évacuer naturellement. Cela me semble un exercice assez difficile en voyage, surtout parce qu’il faut pouvoir accéder souvent aux toilettes. Toutefois, pour celles qui y arrivent, cela peut être également une excellente solution pour éviter d’avoir à transporter tout l’équipement nécessaire aux règles.
Si ce sujet vous intéresse, il existe le livre de Jessica Spin, un petit guide pratique sur l’Art de se passer de protection périodique.
Menstruations et douleurs
L’endométriose est un problème très commun chez nombre d’entre nous. Douleurs aux lombaires, dans le bas du ventre, les premiers jours de règles (voire la totalité de la période pour certaines) ne sont pas toujours une partie de plaisir. Surtout lorsque l’on part pour une longue journée de vélo.
Le voyage à vélo, c’est aussi partir à la découverte du monde et s’adapter en écoutant son corps. Au départ, je roulais malgré la douleur. Désormais, nous essayons de prévoir deux nuits de pause sur les premiers jours de mes règles. Moins de problèmes de nettoyage et de fatigue qui vient avec l’effort physique. La douleur reste là, mais au moins je suis confortablement installée. Ça rend la perspective beaucoup plus agréable !
Alors, certes ça fait un peu de budget en complément, mais au moins on profite mieux les jours suivants.
J’ai également reçu le témoignage de femmes qui avaient moins de douleur lorsqu’elles voyagent à vélo. Avec un peu de chance, ce sera votre cas !
Enfin, pour la douleur, je pars toujours avec de l’ibuprofène. Je n’en ai pas trouvé partout donc j’en prévois en réserve.
Parce que vous êtes nombreuses à avoir opté pour la contraception afin d’éviter d’avoir vos menstruations en voyage à vélo, nous traitons de ce sujet en complément dans un article dédié.
Efforts physiques et règles en voyage à vélo
L’effort, l’itinérance, le voyage au long cours, la fatigue entraînent, à l’occasion, le dérèglement du cycle des voyageuses à vélo. La perte de poids est généralement assez modérée chez les femmes, ce n’est donc pas obligatoirement la source.
Eh oui, le voyage peut avoir des conséquences sur le corps. L’activité sportive intensive est d’ailleurs connue pour ça. Certaines indiquent ne plus avoir leurs règles du tout dès qu’elles voyagent à vélo. D’autres témoignent d’un cycle irrégulier et incompréhensible. En gros, il peut arriver que l’aventure cycliste vous dérègle. Si c’est le cas, sachez-le, vous n’êtes pas la seule à le vivre !
Un peu de lecture ? Je vous conseille le livre de Louise Roussel, le Guide du vélo au vélo au féminin – À vos cycles ! qui traite évidemment des menstruations, mais qui vous incitera surtout à prendre la route à dos de vélo en vous détendant sur tous les blocages qui peuvent être liés à la pratique au féminin !
Les règles se gèrent bien en voyage à vélo
Vous l’aurez compris à la lecture de l’article, je ne prétends pas avoir la science infuse et encore moins les connaissances pour juger de ce qui vous conviendra le mieux pour vos menstruations. Cet article n’est que le témoignage de mon expérience et de mes échanges avec d’autres voyageuses. Je ne saurai vous conseiller une solution de protection hygiénique idéale, mais je vous souhaite de trouver LA vôtre, celle qui correspondra le mieux à votre projet et vos attentes. Il y a toujours des avantages et des inconvénients à chaque solution mais, globalement, s’il y a une chose à retenir, c’est que l’on s’en sort toujours avec nos cycles !
Vos solutions fonctionnent pour un flux léger à normal, mais pour ma part avec un flux abondant (et probablement une forme de fesses qui favorise les taches sur l’arrière…), c’est tampon +2 serviettes obligatoirement (ou cup+serviettes) car le temps de changer la cup ou le tampon j’ai déjà des taches, et sinon le tampon super “tient” autour de 2 heures, la cup (grande) autour de 3h. Et la nuit, je n’ai aucune solution viable pour éviter de tacher pyjama + draps, à part transporter une alèze… Toutes les culottes de règles “flux abondant” que j’ai testées débordent très vite sur l’arrière même avec peu de liquide… je ne les mets plus qu’en toute fin de règles.
Donc je ne vois pas trop quoi faire, j’aimerais faire un voyage à vélo, mais même chez moi je n’arrive pas à me passer des serviettes jetables, et il m’en faut au minimum une quinzaine de “super” et une dizaine de “nuit” en plus des tampons ou de la cup,. Cela prend beaucoup de place, sans compter les soucis d’irritation. J’ai cherché idées et solution sur le web, mais tout ce que je lis concerne des femmes avec des règles peu abondantes, vraisemblablement…
Bonjour,
Votre situation est personnelle, particulière et je comprends que ce soit un frein voire même un handicap pour votre vie de tous les jours. J’ai reçu des dizaines de témoignages pour écrire cet article et n’ai jamais entendu parler de situations similaires donc je n’ai malheureusement aucune solution pour vous. Je ne suis ni professionnelle de santé ni experte dans ce domaine…
Avez-vous songé aux cuissards Wilma avec un pad intégré et interchangeable ? Je ne les ai jamais testés, ne les connais que de nom, mais c’est peut-être une solution ? En combinant avec une seconde protection hygiénique. Il faudra les laver tous les soirs mais ça peut se tenter aussi.
Bonjour Mila, un grand merci pour cet article et d’une façon plus générale pour l’énorme travail fourni sur le blog, c’est très utile quand on en est au stade de la prise d’informations comme moi !
Le SCT concerne effectivement les protections internes. Une précision concernant la coupe menstruelle, que j’ai également adoptée avec grand plaisir : il faut essayer de la vider au bout de 4h maximum, pour limiter les risques liés à la stagnation du sang. C’est une information qui est peu communiquée par les fabricants, qui mettent en avant l’aspect pratique de cette dernière. Pour les tampons, utiliser la plus petite absorption possible afin de le changer rapidement.
Le soucis étant que les protections intimes aujourd’hui ne sont pas des dispositifs médicaux (contrairement aux préservatifs, par exemple), de ce fait la réglementation est moins pointue.. Mais d’ici à 2023 on devrait au moins voir apparaître la composition.
Très bonne continuation à tous les 3 (avec Ringo !) 🙂
https://www.huffingtonpost.fr/entry/limiter-risques-coupe-menstruelle-erreurs-eviter_fr_5ec78fbac5b6c46f05e080ab
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/regles-et-protections-intimes/protections-intimes-periodiques-comment-les-utiliser-en-toute-securite
https://www.huffingtonpost.fr/entry/la-composition-des-protections-periodiques-bientot-inscrite-sur-lemballage_fr_622b189ae4b0317d0a2ef0b5
Merci pour cet article ! Pour info pour celles qui n’ont pas l’âme couturière, il existe des serviettes hygiéniques sans pression, par exemple : https://www.ecco-verde.fr/imsevimse/serviettes-hygieniques-sans-bouton-pression. Je les ai commandé, hâte de les tester !
Super, merci pour le partage !
Bonjour, juste pour compléter au sujet des cups, parce que la tige peut être LE point noir… Il existe des cups sans tiges (luneale notamment), qui existent en plusieurs tailles.
Merci pour cet article
Merci Marie pour cette précision ! 🙂
Merci beaucoup pour cet article qui j’imagine n’a pas dû être facile à écrire !
Je m’apprête à partir plusieurs mois à vélo et te lire a un peu apaisé mes inquiétudes sur ce sujet.
Bonne journée,
Mya
Ah super, merci beaucoup pour ton retour ! C’est chouette de savoir que cet article puisse servir 🙂
Bonne route à toi alors !
Merci pour cet article. Personnellement, j’utilise depuis de nombreuses années des serviettes lavables mais je ne les utilisais pas à vélo en raison des clips qui reposaient sur la selle et me blessaient vraiment rapidement. J’ai résolu le problème en optant pour une selle à décharge périnéale. Les clips sont maintenant dans l’ouverture de la selle et je ne les sens plus du tout. Je suis donc ravie de pouvoir utiliser mes serviettes lavables comme bon me semble sur mon vélo
Super astuce Murielle, je n’y aurais pas pensé ! Merci de l’avoir partagée !