La Grande Traversée de l’Ardèche VTT – Vélo & Fromages, sacré combo

par | Mis à jour le 07/04/2023 | Auvergne Rhône Alpes à vélo | 10 commentaires

Si vous souhaitez sentir au matin les feuilles de myrtilles, le cèpe, la sève de sapin puis le lendemain la menthe sauvage et le thym en contemplant des paysages uniques faits de sucs volcaniques et de gorges calcaires, de forêts des hauts plateaux et de plaines colorées de vignes, alors la Grande Traversée de l’Ardèche est pour vous !

Petit bémol, parfois il faudra pousser le vélo, en montée… et le retenir en descente ! Mais entre nous, cela en vaut mille peines, nous revenons tout juste de cette traversée, la tête dans les châtaignes, les sacoches pleines de fromage de chèvre et les yeux pleins de magnifiques couleurs ! On vous raconte.

Il existe aujourd’hui 14 grandes traversées VTT en France. Du Massif central au Jura, du Vercors au Pays basque, le terrain de jeu est bien grand. Avec Jérémy, nous avons pris l’habitude de nous dire que tout est faisable, peu importe le vélo avec lequel on roule. Nous avons traversé toute l’Amérique de l’Alaska à la Patagonie par les sentiers et voies reculées, sans suspension, avec de petits pneus et surtout beaucoup de courage – et du temps. L’an dernier, nous étions sur la Grande Traversée du Vercors, cette année, nous avons jeté notre dévolu sur l’Ardèche. C’est simple, on n’y est jamais allé à vélo, enfin jamais tout court. 

La « GTA VTT», de Annonay à Bourg-Saint-Andéol, c’est 315 km au total dans les Monts d’Ardèche, 5569m de dénivelé positif, quasiment autant de négatif, 7 jours de vélo en semi-autonomie et beaucoup de cailloux ! La promesse : ne croiser aucune voiture – ou presque, et se fondre dans le paysage sur des sentiers, pistes carrossables et singletrack sauvages. 

Nous nous engageons avec nos vélos sans suspension, ce qui corse un peu le tout, nous recommandons de se lancer avec suspension pour que cela soit plus simple et que cela vous évite de claquer des dents ! 

La Grande Traversée de l’Ardèche (GTA) VTT

Sur papier, cela ne semble pas bien difficile, on comprend que ça monte, ça descend et qu’il faut tenir ses autonomies de nourriture car le tracé ne nous emmène que dans quelques villages, dont la plupart n’ont même pas de boulangerie ouverte.  

Nous ne choisissons pas de traverser l’Ardèche d’un point de vue sportif, nous voulons nous imprégner de sa culture, son terroir, profiter des paysages et ne pas – trop – nous faire mal. Aussi, nous avons choisi de réserver 3 nuits en auberge sur la route, grâce à l’initiative « vélo & fromage – l’Ardèche sur un plateau », le fascicule disponible sur internet nous a permis de trouver de bonnes adresses. Le reste du temps nous serons en tente, à bivouaquer dans le respect des règles locales, toujours en ne laissant aucune trace derrière nous. Nous avons donc prévu de la nourriture en conséquence, à base de pâte, riz, lentilles, galettes de maïs pour remplacer le pain que l’on sait introuvable sur la GTA, fruits secs et quelques tablettes de chocolat. Cela devrait faire l’affaire. On compte également visiter quelques fermes et restaurants de pays pour équilibrer le tout ! Nos vélos font 15kg sans bagage, nous rajoutons environ 10kg chacun de bagage avec nourriture incluse. 

Tracé de la GTA

Tracé de la GTA

La veille du départ, je suis – Sophie – seule à Annonay avec mon vélo. Jérémy qui est retenu en Savoie me rejoindra le lendemain à Saint-Agrève pour pédaler la suite.

Une nuit à l’hôtel du midi (Accueil Vélo) pour partir de bon matin après un copieux petit-déjeuner de cycliste et c’est parti pour 315km de pistes.

Saint-Agrève est sur une ligne de bus qui descend jusqu’à Tain-L’Hermitage – Tournon TER en connexion avec Valence, où l’on peut monter à bord avec son vélo, en réservant à l’avance par téléphone auprès de la compagnie de bus. Le TER accepte gratuitement les vélos également. Donc ce fut assez simple pour Jérémy de me rejoindre avec son vélo !

Carnet de route – la Grande Traversée de l’Ardèche

PARTIE 1 // de 270m à 1600m d’altitude : l’Ardèche verte

De Annonay à Dévesset : 50,5 km

Plusieurs bonnes nouvelles. La première, c’est que cela commence à monter en douceur par la Via Fluvia qui contourne Annonay sur 7km avant de partir sur les premiers chemins de terre. La deuxième bonne nouvelle, c’est que le tracé est parfaitement bien indiqué et qu’il y a des balises partout. Sur toute la GTA les balises sont très visibles, ainsi, pas besoin d’utiliser son téléphone et sa batterie, on peut se fier à ces petites pancartes rouges. 

La troisième bonne nouvelle, c’est que je passe devant une boulangerie et ai la bonne idée d’acheter du pain, un sandwich et un éclair au chocolat (parce que le petit-déjeuner, c’était il y a 5km). 

Départ de Annonay - GTA
Via Fluvia Annonay - GTA
Via Fluvia Annonay
Via Fluvia Annonay

Virage à gauche, je quitte officiellement la route et m’engage sur un joli singletrack qui va me faire prendre de la hauteur rapidement et me permettre de contempler les Alpes et ses contreforts au petit matin. Certains passages sont raides, caillouteux, il faut parfois descendre du vélo pour passer certains passages un peu techniques quand on n’a pas de suspension, mais c’est anecdotique. Le chemin est très agréable et permet de nouer directement avec l’Ardèche. Je suis tout de même contente d’avoir 3×11 vitesses sur mon vélo ! 

La piste fait remonter le chemin de l’eau, sur d’anciennes béalières, des canaux d’irrigation du XIXème siècle. 

C’est une belle entrée en matière, il faut savoir que la Grande Traversée de l’Ardèche longe quasiment constamment la ligne de partage des eaux. Quand il pleut sur ces monts, l’eau s’écoule soit vers la Méditerranée, soit vers l’Atlantique. Cela nous rappelle notre promesse d’Alaska Patagonie de longer au maximum la ligne de partage des eaux Atlantique/Pacifique. Une première similitude entre ces deux grandes traversées, et il y en aura d’autres. 

Arrivée au lac du Devesset, il fait 5°C à la tombée de la nuit, je suis à 1074m d’altitude. Les prochains bivouacs promettent d’être encore plus frais, je prévois de dormir sur les plateaux ardéchois à 1400m d’altitude avec des cols à 1600m. D’ici là Jérémy m’aura rejoint, je lui piquerai sa doudoune pour la mettre sur mon duvet tout léger confort 10°C. 

Debut de la GTA par sentier
Bivouac au lac du Devesset

De Devesset à Sagnes et Goudoulet : 56,3 km

Dans mon carnet, j’ai écrit que c’est sans doute l’étape la plus longue de toute la traversée et la plus caillouteuse. J’étais bien présomptueuse, connaissant la suite ! Entre cèpes et bolets – c’est le début de la saison et cela agrémente bien nos déjeuners et diners, les montées sont coriaces, il y a quelques passages sur route, comme au premier jour, mais les passages sur pistes sont longs et scabreux. Jérémy m’a rejoint et découvre les joies de la GTA. On pousse en montée et on tire en descente, mais on ne peut pas se plaindre, ces chemins nous emmènent jusqu’à 1600m d’altitude, face à de magnifiques sucs volcaniques, typiques de la région.

Grande Traversée de l'Ardèche à vélo - village éloigné
Grande Traversée de l'Ardèche à vélo - village éloigné
Cepe sur la GTA Ardeche
lac du Devesset
Alaska-Patagonie - Grande Traversée de l'Ardèche à vélo - J2

On se laisse tous les deux prendre au jeu de la grande traversée et restons sur les sentiers. Les routes non loin peuvent nous faire de l’œil, mais qu’à cela ne tienne. On est là pour fuir l’asphalte au maximum. Les seules fois où nous allons nous autoriser à quitter les sentiers, c’est pour aller rencontrer des producteurs de fromage, des fermes ou auberge trouvées sur le fascicule « vélo & fromage Ardèche » dont je parlais plus haut. C’est le seul petit inconvénient de la GTA, être tout le temps reculé, loin des villages. D’où notre envie de provoquer de chouettes rencontres avec les acteurs du territoire. C’est aussi le moyen de trouver du fromage frais tout au long de la semaine, parce qu’on peut difficilement vivre tous les deux sans fromage ! 

Après avoir contourné le Mont Mézenc, passé les sources de la Loire, puis le Gerbier de Jonc nous nous dirigeons non sans mal vers Sagnes et Goudoulet pour aller passer la nuit à l’auberge Chanéac tenue depuis 4 générations par la même famille.

Départ de Annonay - GTA
Via Fluvia Annonay
sucs volcaniques - GTA

Les vélos rangés au garage, des pâtes au cèpes cueillis dans la forêt cuisinées dans le patio de l’auberge (le patron ne fait plus de repas le soir après la saison d’été), une brève discussion avec Jean-François Chanéac et à 20h45 nous sommes déjà au lit. 

Au petit matin, Jean-François nous raconte l’histoire de son auberge, nous montre de vieux registres de voyageurs datant des années 1930 et nous parlons de l’Ardèche. C’est un sacré personnage ce Jean-François. Il fait partie de cette génération qui n’a jamais souhaité quitter son village natal et ne comprend pas pourquoi son fils parcourt le monde sans avoir envie de perpétuer la tradition et de reprendre le restaurant. Un crève-cœur pour lui. Il est si attaché à son terroir, à ses traditions. Il a appris la cuisine de sa mère, qui l’avait appris de sa grand-mère et ainsi de suite. C’est son arrière-grand-mère qui a popularisé un plat typique : la « Maoche », de l’estomac de porc farci au chou. Servi uniquement d’octobre à avril. On n’a pas eu la chance d’y gouter. Si jamais l’envie vous prend, vous savez où toquer pour vivre une sacrée expérience culinaire ! Sa cuisine est réputée dans tout le pays ardéchois ! 

Pour les végétariens, les soupes aux plantes sauvages ont l’air délicieuses, décidément, on a tout loupé !

l’auberge Chanéac à Sagnes et Goudoulet
registre de voyageurs - Auberge Chanéac - GTA

Sagnes et Goudoulet – Les hauteurs de Mazan l’Abbaye  : 28,73 km

Les courbatures sont là, les cailloux aussi. Les vibrations du cadre et les roues qui percutent les roches à grand coup de gravité nous font claquer des dents. On est heureux ! Les forêts vertes commencent à se teindre d’orange, elles nous font penser aux plateaux du Yukon au Canada. Le paysage change peu à peu, plus nous avançons, plus nous nous enfonçons dans une Ardèche très sauvage. Tiens, un bolet. On le mangera ce soir dans une soupe. Ce midi, on a décidé d’aller adosser nos vélos à une adresse très réputée dans le coin ; la ferme de la Besse. C’est un peu en dehors de la trace de la GTA, on prend ce petit détour comme un instant de repos avant de revenir se confronter au minéral. 

Ici aussi, les murs ont une histoire familiale. Cela fait 500 ans que la même lignée vie dans le même endroit. Ferme auparavant, restaurant depuis 1974, avec à sa tête le jeune Mathieu, 36 ans. Mathieu c’est le genre de chef à mettre de la bonne musique à fond en cuisine, en offrant un service aux petits oignons à ses clients dans sa salle de voute en pierre volcanique. Par contre, n’allez pas lui parler de « Maoche », Mathieu lui veut moderniser la cuisine ardéchoise et nous apporte à table des plats fins, un savant mélange de gastronomie et de terroir. C’est un peu risqué car ici les ardéchois veulent plutôt de la « nourriture de chasseur ». « Taberlo* ! » dit Mathieu en patois. *Imbécile 

Pour rien au monde il ne quittera son Ardèche, mais en revanche, il fait le pari de la rendre plus douce en bouche ! Et pour nos gosiers de cyclistes, ça a bien fonctionné ! 

On sort de table, repus, presque déjà nostalgiques à l’idée de se dire qu’on n’y remettra pas les pédales avant longtemps, faut avancer ! Comme toujours à vélo ! 

Arrivée à la ferme de la Besse
L’Abbaye de Mazan sur la GTA Ardeche

La suite de la Grande Traversée de l’Ardèche ne nous épargne pas. Saint-Cirgues en Montagne, puis Mazan l’Abbaye nous épuisent, les montées de plus de 20% sur cailloux et terre sont bien coriaces. Mazan l’Abbaye est d’ailleurs un chouette village à visiter. L’artiste Felice Varini a créé une œuvre intéressante sur les ruines de l’abbaye. Elle fait partie d’un parcours artistique autour de la ligne de Partage des Eaux qui traverse l’Ardèche. Celle-ci est nommée « Un cercle et mille fragments ».  D’autres artistes ont pris possession d’autres lieux tout le long de la ligne, une belle dynamique qui permet aussi de ne pas toujours visiter les mêmes endroits, mais de se laisser porter par d’autres curiosités et trésors cachés ! 

Alors que nous aurions souhaité faire plus de kilomètres, on s’arrête face aux champs d’une bergère qui visiblement a du mal à faire revenir ses chèvres pour la traite. Elle s’appelle Fanny Montoya. Cela fait 15 ans qu’elle est installée ici sur ce plateau d’altitude. Son chien de 6 mois n’est pas encore dressé pour ramener les biquettes, on se dit avec Jérémy qu’on va l’aider. On pose les vélos et on court en aboyant, pas de moquerie, ça a fonctionné, on vous le jure ! 

Fanny a le cœur sur la main. Elle propose aux voyageurs de passage de bivouaquer sur son terrain, d’assister à la traite de ses chèvres, d’aider même, et exceptionnellement pour nous, elle nous a ouvert la porte de sa petite cabane qu’elle réserve aux touristes sur airbnb. Elle avait peur que l’on ait froid cette nuit. Elle a eu du nez, il a fait 2 degrés au petit matin. Avec nos duvets d’été compacts on n’aurait pas fait les malins.  

Nous lui achetons quelques fromages et du savon au lait de chèvre et repartons en direction d’une toute nouvelle géographie, nous quittons le plateau ardéchois. 

fromage, ferme de Fanny - Grande Traversée de l'Ardèche VTT
Via Fluvia Annonay - GTA
Via Fluvia Annonay
la cabane sur la GTA Ardeche

PARTIE 2 // Des hauts plateaux boisés à la Provence

Les hauteurs de Mazan l’Abbaye – Les hauteurs de Montselgues : 48,08 km

Quand on pédale, on aime bien regarder les nuages. Ils nous donnent toujours de précieuses informations. Un altocirrus annonce un changement de températures, une dépression, de la pluie ? Que dit la météo ? Ça va se gâter. Le paysage varie énormément en quelques kilomètres. Fanny nous avait averti, nous allons entrer dans les Cévennes, gagner en températures et en instabilité météorologique également. C’est le début des épisodes cévenols, de fortes tempêtes très localisées qui entraînent souvent montées des eaux, glissements de terrains, coulées de boues, bref, on n’a pas envie d’être dans les parages quand cela frappera. Manque de chance, ils annoncent une forte tempête pour ce weekend. Nous sommes jeudi et il nous reste encore 3 jours et demi de vélo si tout va bien sur la GTA. On va garder l’œil sur la météo ces prochains jours. 

 

Jérémy, Grande Traversée de l'Ardèche à vélo
GTA - VTT
face à nous la Lozère - GTA Ardeche
Le petit canada - GTA Ardeche
Fromages et cartes, dejeuner sur la GTA

La roche est toujours bien présente y compris sur nos chemins ce qui nous ralentit considérablement. Les arbrisseaux remplacent les sapins, nous gagnons une petite dizaine de degrés en l’espace de 10 km et on commence à comprendre pourquoi la chèvre est aussi bien implantée sur ce territoire. On ne voit qu’elle pour se faufiler entre les pierres et les châtaigniers, en quête de quelques herbes sèches à attraper. Aucune vache ne pourrait paitre ici. Selon les ardéchois, les chèvres seraient présentes depuis que l’homme peuple ces terres méditerranéennes. 

Aujourd’hui est une journée intense. La GTA nous emmène loin de toute présence humaine, nous sommes seuls. Nous commençons à voir de drôles de formations rocheuses. Non ! Il s’agit d’un menhir ? Une pierre dressée, disent les gens du coin, nous l’apprendrons plus tard. Nous décidons de camper, proche, sur un replat en altitude avec une vue imprenable sur la Lozère. Après une belle nuit tiède où nous avons eu la visite de sangliers et d’une chouette qui nous a déposé une jolie pelote en cadeau au pied de la tente, nous redescendons en vallée. Nous découvrons également des dolmens, tumulus. Il y en aurait plus ici qu’en Bretagne ! Sacrée découverte.

Départ de Annonay - GTA
Via Fluvia Annonay
Menhir - GTA

Les hauteurs de Montselgues – Chandolas : 28,71 km

Ce matin, le téléphone vibre. Texto de maman : « tu as vu la météo ? ils annoncent une grosse tempête, vous êtes où ? ». 

La tempête est prévue pour demain soir, nous avons encore un peu de marge mais devons faire vite. Nous n’avons que jusqu’à dimanche pour pédaler, ensuite, le travail nous rappelle. 

Pour gagner du temps, nous prenons la route qui descend par un long ruban d’asphalte tout neuf les coteaux des monts d’Ardèche. Nous avions réservé une nuit d’hôtel à Chandolas à l’auberge des Murets, on va quand même y aller et terminerons demain le chemin. 

Au passage, nous nous arrêtons à Planzolles déjeuner au cœur du petit village. Le patron nous avertit lui aussi. La semaine dernière, un même épisode cévenol a causé l’incendie d’une maison du village, frappée par la foudre. Il est tombé plus de 3 mois de pluie en une nuit et 150 chèvres ont péri.  On a compris le dessin. 

On n’a pas résisté à l’appel du fromage avant de partir en allant visiter le musée Terra Cabra qui raconte toute l’histoire de la chèvre ici en Ardèche et du processus de fabrication de l’emblématique picodon. Les vélos dans le coin ne sont pas encore trop répandus, alors quand deux cyclistes débarquent, je peux vous dire que nous sommes accueillis comme des rois ! Avec une dégustation d’anthologie. 

 

Chandolas – les hauteurs de Vallon-Pont-D’arc : 53 km

Entre les vignes et les fermes de chèvres, on cherche désespérément une boulangerie d’ouverte. Rien. Il nous reste trois galettes de maïs, on va faire avec ! Sur notre pause déjeuner, nous rencontrons Didier et Annabelle qui ont acheté leur ferme il y a maintenant 12 ans. Ils nous offrent le café, on partage nos gâteaux secs. Leur ferme est ouverte au public, les visites sont gratuites de 17h à 19h et ils nous ont confié un petit secret. Le mieux est de venir en mars quand les chevreaux viennent de naitre. Ce couple représente selon nous l’âme de ce qu’est l’Ardèche aujourd’hui. Des personnes qui ont choisi de venir habiter ici, de cultiver la terre, de ralentir, de vivre avec les éléments et d’élever des chèvres dans le respect de l’animal. Ils ont une partie de leur ferme dédiée aux « mamies en retraite ». Certaines sont écornées, témoins d’une pratique que le couple ne souhaite pas reproduire. 

 

Départ de Annonay - GTA
Via Fluvia Annonay
Départ de Annonay - GTA

Finalement toutes les personnes que nous aurons rencontrées cette semaine ont toutes ce point commun : un attachement doux à la terre sur laquelle ils ont choisi d’habiter. 

Et cela se confirmera avec notre ultime rencontre faite avant de quitter l’Ardèche. Grégory chez qui nous avons acheté une bouteille de vin – oui on avait un peu de place dans les sacoches à la fin. 

Grégory a lui seul nous a donné une très belle conclusion à cette semaine de vélo. En une gorgée nous avons retrouvé la châtaigne, le bois, la pêche, la douceur et le côté minéral de l’Ardèche. Accompagné d’un petit plateau de fromage, on avait rassemblé tout ce qui nous avait tant plu et émerveillé. 

Nous reprenons la route vers 19h, le vent commence à souffler. Nous passons le col à la frontale et campons à l’abris entre deux roches. La tempête s’est décalée à demain midi. 

À 6h du matin, nous levons le camp et pédalons avec un vent de face qui souffle à plus de 60km/h. Nous faisons à peine du 20km/h en pleine descente. Il nous reste 35km à parcourir. Le ciel se charge, nous arrivons à la gare de Pierrelate après avoir passé Bourg-Saint-Andéol. Le TER arrive, nous rentrons en Savoie. 

Départ de Annonay - GTA
le repos du guerrier à l’auberge des Murets

Conclusion de ce périple sur la GTA

Ce que nous retenons de cette semaine de vélo, c’est la diversité assez extraordinaire de paysages en si peu de kilomètres. Des forêts de sapin aux sucs volcaniques, aux plateaux d’altitudes qui nous font penser au Canada, aux Cévennes, contreforts méditerranéens et gorges calcaires, il y a de quoi faire ! Le sentier est certes parfois très technique avec de courts mais intenses passages à pousser le vélo, mais il offre de beaux moments sans trop de difficultés, sur pistes carrossables, à apprécier l’environnement. Avec suspension, on imagine la plus grande facilité à manœuvrer le vélo ! Les balises permettent de naviguer sans utiliser son téléphone ce qui est très appréciable et si jamais vous voulez suivre une trace, alors tout est disponible en ligne sur le site de la Grande Traversée Ardèche VTT. On conseille tout de même de parfois sortir de la trace pour visiter des villages, faire quelques restaurants qui méritent le détour, sincèrement, goûter tout simplement à l’Ardèche ! C’est aussi une manière de ne pas emporter 7 jours de nourriture dans les sacoches, ce qui peut faire lourd dans les montées à pousser ! 

Il existe de nombreux guides et labels pour aiguiller un peu le chemin, « Goûtez l’Ardèche », « les toqués d’Ardèche », les fameux logements « Accueil Vélo », et puis bon il faut prendre son mal en patience niveau boulangerie et ravitaillement. Ou alors avoir la chance comme nous un jour d’avoir croisé des randonneurs qui nous ont offert une baguette ! Un moment de grâce ultime ! 

Grande Traversée de l'Ardèche VTT - eau
Grande Traversée de l'Ardèche VTT
GTA Ardeche

À l’automne, la saison des champignons bat son plein, ne ramassez que si vous les connaissez bien, évidemment. Les parterres de myrtilles promettent de belles saisons estivales à grignoter en chemin, et l’hiver ardéchois nous fait déjà rêver, on a envie de revenir expérimenter l’hiver là-haut ! Les locaux nous ont dit également que le printemps est une saison agréable, car libre de touristes avec des températures déjà bien clémentes. Et si vous n’avez que l’été pour vous essayer à l’Ardèche, alors je suis certaine que la GTA vous offrira de beaux moments sauvages car peu s’aventurent sur ces pistes caillouteuses ! Enfin, la période à laquelle nous l’avons traversée marque le début des épisodes cévenoles, donc il faut bien prendre cela en compte.

Nous avons traversé l’Ardèche avec nos vélos qui ont parcouru les Amériques, sans assistance. Des Genesis longitude, montés à la carte, avec des bagages légers et du matériel de bivouac léger aussi. Voire un peu trop, on aurait dû prendre nos duvets plus chauds pour l’occasion et pourquoi pas des suspensions. Oui nous avons été un peu brutalisés par les cailloux, mais c’est de bonne guerre ! Il a été facile de trouver de l’eau un peu partout, une gourde à filtre nous a tout de même bien servi !

Et dans un souci de transparence, sachez que les photos réalisées pendant cette semaine ont été vendues à l’Agence de Développement Touristique de l’Ardèche.

 

À propos de l'autrice, Sophie

Sophie Planque est journaliste réalisatrice pour la télévision depuis plus de 10 ans et artisan photographe vidéaste basée en Savoie. À côté de son métier passion, elle aime se dire voyageuse contemplative à pied et à vélo. Alaska-Patagonie est son premier fait d'arme de cycliste après avoir longtemps voyagé à pied en Europe.
Son film documentaire sur cette traversée a remporté 6 prix en festivals. Le vélo est pour elle un moyen de se mouvoir et de s'émouvoir.
10 Commentaires
  1. Boucetta Guillot

    Bonjour,
    Durant ce magnifique séjour j’aimerais savoir où avez vous dormi .
    Je compte faire le même trajet mais aucun lieu n’est marquer pour la nuit
    Cordialement

    Réponse
    • Mila

      Bonjour,

      Je réponds à la place de Sophie tout simplement car je vois qu’elle a bien indiqué les lieux où elle a dormi dans son texte. Elle a aussi précisé quand elle a fait un bivouac dans son article.

      Bonne route,

      Mila

      Réponse
  2. Emmanuel

    Superbe expérience,
    reste plus qu’à convertir le vélo de randonnée en pseudo VTT alors !
    Y a t-il des itinéraires “off track” plus accessibles ?
    D’une manière générale, j’aimerais en effet plus aller sur les chemins forestiers, “suitables” pour mes pneus en 37 voire 42 mais polyvalents (mondial dd).
    J’ai hâte de suivre d’autres aventures de Sophie et Jérémy !

    Réponse
    • Sophie Planque

      Coucou Emmanuel ! Merci pour ton chouette commentaire ! La grande majorité de la GTA est sur piste carrossable, quelques passages (environ 20%) sont assez techniques mais sinon c’est tout à fait faisable avec tes pneus ! Après le grand avantage de la GTA c’est que tu peux aussi composer toi-même ton chemin et retrouver quand tu le veux la trace c’est assez simple. Il y a plein de sentiers alternatifs que tu peux trouver en étudiant les cartes. Et nous concernant il faudrait un jour que l’on investisse dans un Vtt mais en attendant on aime trop nos vélos et on s’en accommode. Hehe !

      Réponse
  3. bruno saulet

    Très sympa ce récit merci !

    Dans les bons plans j’ajouterais: Le camping municipal gratuit de Fay sur Lignon et le gite d’étape “Cyclo club du Tanargue” à 12 euros à mi parcours tenu par un vrai cycliste !
    Point négatif vécu, l’auberge du Bez qui se prétend accueil vélo mais qui ne veux pas vous ouvrir les portes du local vélo tôt le matin… et qui en plus n’y connait rien au vélo.

    Quelques photos ici de la première de mes 3 GTA: https://photos.app.goo.gl/CwLfVheQ6p6TB9EZ9

    Réponse
    • Sophie Planque

      Merci pour tes ajouts ! C’est chouette !! Tu l’as réalisé à quel moment de l’année ? Je me suis demandée si en été il y avait du monde sur la GTA ? A l’automne on était vraiment solitaires !

      Réponse
  4. gobois64

    Magnifique description de ce beau périple en VTT dans cette belle région ! Merci pour ce partage et ce reportage plus que complet et incitatif !

    Réponse
    • Sophie Planque

      Merci pour ce chouette retour !!!! Ravie que cela vous ait plu ! A bientôt sur les sentiers ?

      Réponse
      • Larguier

        Très joli récit pour une superbe semaine. Cela donne des idées pour de futures sorties.

        Réponse
        • Sophie Planque

          Merci beaucoup ! Réponse 1000 ans plus tard mais réponse quand même!! 🙂
          J’aimerais beaucoup y retourner pendant l’été ! Pour apprécier la chaleur de provence !!!

          Réponse

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