Comment voyager zéro déchet et à vélo ? Interview Les Routes de la Transition

par | Mis à jour le 03/02/2021 | Les voyageurs | 6 commentaires

Depuis plusieurs années, Nicolas du projet Les Routes de la Transition,  a adopté un mode de vie plus respectueux de l’environnement. Pour ce faire, il limite ses déchets en adoptant le “Zéro Déchet” et sensibilise à ce sujet. Voyageur à vélo depuis peu, c’est tout naturellement qu’il a transposé son mode de vie sans emballage pendant ses aventures.

Il a eu la gentillesse de répondre à nos questions pour vous expliquer comment diminuer ses emballages voire adopter le zéro déchet vous aussi, lorsque vous partez en voyage à vélo. Une entrevue riche en enseignements !

L’interview !

Salut Nicolas, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Merci pour cette interview. Je m’appelle Nicolas et me définis comme en perpétuelle transition. En effet, à maintenant 32 ans, je vis dans un écolieu (lieu permettant les modes de vie alternatifs et visant le plus d’autonomie possible en réduisant au maximum son empreinte environnementale) de la campagne bretonne en travaillant pour vivre de ma passion : le mode de vie à vélo.

Mais j’ai parcouru pas mal de chemin pour en arriver là : ancien consultant parisien dans l’informatique bancaire, j’avais du mal à trouver un sens à ma vie. C’est maintenant le cas après plusieurs transitions, nous y reviendrons.

Les routes de la Transition - voyage à vélo zéro déchet
© Les Routes de la Transition

Quels ont été tes voyages jusqu’ici ?

Ayant commencé le voyage à vélo récemment, j’ai surtout voyagé sur les EuroVelo en France telles que la Vélodyssée, le canal des deux mers, le canal de Nantes à Brest ou la Loire à vélo. Je préfère maintenant rouler sur des routes de campagnes moins balisées afin de faciliter les rencontres avec les locaux.

J’envisage comme prochaine destination le nord est de l’Europe avec des pays comme l’Allemagne, les Pays Bas, le Danemark mais aussi la Suisse, l’Italie ou l’Espagne. Bref, encore beaucoup de choses à voir en Europe !

J’ai noté que tu voyageais zéro déchet, comment t’es venue l’idée de tenter l’aventure en adoptant cette pratique ? 

Effectivement. Et bien cette idée m’est venue tout naturellement car je pratique le mode de vie zéro déchet à la maison. Je ne voulais donc pas générer plus de déchets en voyage qu’au quotidien.

Et puis surtout, je voulais montrer qu’il est tout à fait possible de réduire ses déchets en voyage et en préparation du voyage en adoptant quelques réflexes simples autour notamment de la cuisine et des achats d’équipements d’occasion.

Comment t’en es-tu sorti lors de tes premiers voyages à vélo ? Tu as pesé tes déchets ?

Je m’en suis plutôt bien sorti pour mon premier essai. Essai qui m’a aussi permis d’améliorer certaines choses. J’étais tout d’abord parti avec beaucoup trop de stock alimentaire (presque 5kg pour 10 jours) ! Aussi, je n’avais qu’une seule façon de faire la cuisine (au feu de bois, ce qui peut être délicat les jours de vent ou de pluie). Je pars maintenant plus léger et j’ai travaillé pour trouver d’autres techniques culinaires afin d’être paré à toutes situations ! Je pense notamment à la cuisine crue.

Sinon pour la pesée des déchets, cela a finalement été assez simple puisqu’ils ne s’agissaient que de 4 sacs en papier de boulangerie que je n’ai pas réussi à éviter. Soit à peu près 20g pour 15 jours de voyage. Pas mal non

Concrètement, comment on s’organise en amont pour adopter le zéro déchet lors d’un voyage à vélo ? 

  • As-tu acheté ou récupéré du matériel pour équiper ton vélo ?

Préparer son voyage peut être générateur de déchets mais que l’on ne voit pas : si l’on achète des vêtements, sacoches, équipements neufs, il faut bien comprendre que l’on va dépenser énormément de ressources. En effet, de la conception du produit (extraction de matières premières), à sa fabrication (souvent loin de chez nous et dans des conditions difficiles), jusqu’à son transport, beaucoup de ressources et d’énergies ont été dépensées (sources : ADEME ou riendeneuf.org).

Pour éviter cela, je préconise l’achat d’occasion au maximum en utilisant des sites tels que leboncoin bien sûr mais aussi troc-velo ou même facebook et ebay. Pour cela il faut un peu de patience et de prévision. J’ai mis par exemple 6 mois pour trouver mes sacoches car la marque que je souhaitais est très demandée (Ortlieb). Voici une astuce pour trouver plus facilement le matériel de voyage : cherchez le en fin de saison estivale ou en hiver, quand la demande est au plus faible.

Note :

Sur cette thématique et dans l’esprit de voyage à vélo zéro déchet, nous vous invitons d’ailleurs à découvrir le créateur de sacoches éco-conçues Le Rouquin Qui Roule.

Les routes de la Transition - voyage à vélo zéro déchet
©Les Routes de la Transition
  • Tu pars avec beaucoup de nourriture ?

Parlons cuisine maintenant. Nous sommes pendant le voyage cette fois quand vient le moment tant attendu de la pause repas. J’ai pu voir plusieurs solutions et approches différentes. Il y a d’abord la plus simple : voyage léger sans alimentation. Comment se nourrir ici ? On va au supermarché le plus proche de notre arrêt et on achète quantité de plats préparés. Quel va être l’effet sur les déchets ? Suremballages d’abord et production industrielle ensuite. Autant te dire que ce n’est pas la solution que je préconise.

Je suis plutôt dans une approche, peut-être un peu plus lourde, où l’on va beaucoup cuisiner et en grande partie des produits bruts. L’idée est que plus l’on cuisine et moins l’on génère de déchets mais aussi plus on a de contrôle sur la qualité et l’approvisionnement de notre nourriture. Cela n’est pas négligeable de mon point de vue. Il faut peut-être un peu plus d’organisation, nous y reviendrons, mais cela me semble plus plaisant de passer un peu de temps à cuisiner. C’est même parfois un challenge d’imagination en fonction de ce que l’on va trouver : cela développe la créativité ! On ne mange pas que des pâtes !

Mais une fois que l’on a cuisiné, que faire des résidus de cuisine (épluchures notamment) ? Et bien surtout ne pas les jeter à la poubelle ! Ils seront bien mieux déposés dans un buisson ou un sous bois afin de permettre leur compostage que dans une poubelle où la finalité en France est l’incinération généralement.

  • Et pour l’hygiène ?

Enfin, l’aspect hygiène n’est pas non plus à négliger car il peut aussi générer des déchets en voyage. Je pense notamment au gel douche, shampoing, déodorant ou encore dentifrice. De mon côté je n’utilise que 3 produits : le savon de Marseille (pur huile d’olive) pour le corps ou la vaisselle (et même dégraisser le vélo de temps en temps !), de l’argile pour les shampoings et du bicarbonate de soude pour le déodorant. Je n’utilise de mon côté pas de dentifrice pour le brossage des dents, mais sur cet aspect nous sommes tous différents donc prenez le temps de vous renseigner avant de faire comme moi.

Nous avons donc ici des produits légers, sain et peu emballés. Il y a donc l’avantage de la réduction des déchets mais aussi et surtout de la non pollution des sols lors de notre toilette en bivouac : les gels douche et autre shampoing industrielles peuvent être très polluants pour les sols.

Et lors du voyage à vélo, comment t’organises-tu pour réduire tes déchets ?

Je vais ici faire le lien avec ta question précédente sur les petites choses à avoir pour réussir à réduire ses déchets. Les sacs à vrac sont un incontournable évidemment (préférez les avec le label Oeko-tex qui garantit une qualité des matières premières mais aussi des conditions de fabrication).

Du coup je vise à ne faire que des courses en vrac. Ce n’est pas si difficile quand on pense aux marchés ou à la boulangerie par exemple. Il suffit de tendre les sacs dont nous disposons au commerçant qui sera ravi de les accepter.

Pour faciliter mon approvisionnement, j’utilise un site (qui ne fonctionne que pour la France pour l’instant) : cartovrac.fr. Ce site répertorie tous les points de vente avec du vrac en France. Il y en a forcément un proche de notre prochain arrêt ou sur la route.

Enfin, afin de ne pas voyager trop lourd, comme lors de mon premier voyage, je fais des courses tous les 2 ou 3 jours (cela permet d’éviter les problèmes de fermeture du dimanche ou lundi).

Je souhaite également préciser un détail sur le mode de cuisson que j’utilise. Je cuisine donc au feu de bois. Pour cela, j’utilise un réchaud à bois. C’est très simple et très léger mais surtout le plus écologique et économique. En effet, sur l’aspect écologie, vous cuisinez avec du bois trouvé proche de votre lieu de pause et une fois terminée, la combustion ne laisse que quelques morceaux de charbons qui peuvent être laissés sur place au même titre que les résidus de cuisine. L’aspect économique est intéressant également puisque le carburant est gratuit !

Concrètement, quel impact a le “zéro déchet” sur ton voyage à vélo au quotidien ?

Je pense effectivement passer plus de temps à cuisiner mais cela ne me change pas de mon quotidien puisque je cuisine déjà beaucoup à la maison ! Et finalement, pour l’aspect recherche de solution, est-ce vraiment plus long de rechercher un magasin avec du vrac ou les ouvertures de marchés que de chercher un supermarché ? 

As-tu des conseils à donner pour celles et ceux qui voudraient éventuellement réduire leurs déchets, voire tenter une approche “zéro déchet” dans leurs voyages ? 

Le premier conseil que je voudrais donner, c’est d’essayer d’abord à la maison. Vous êtes en effet dans des conditions de confort et de sécurité que vous n’aurez peut être pas en voyage. J’ai par exemple testé quelques recettes avant de partir en utilisant simplement mon nécessaire de cuisine de voyage mais à la maison avec ma cuisinière. Cela me permet d’avoir quand même à manger si je me suis trompé par exemple !

Ensuite, si vous souhaitez vous lancer dans l’aventure et que vous cherchez du matériel, prenez le réflexe de l’occasion ! Vous pourrez tout trouver sur leboncoin ou troc-velo (tout mon matériel en est issu). En plus de réduire vos déchets, ce sera moins chère !

Enfin, sachez que le zéro déchet est avant tout une histoire de compromis. Il peut arriver que vous ne trouviez pas de point de vente en vrac par exemple. Dans ce cas tentez de trouver le meilleur compromis : le moins d’emballage, le plus local, emballage en verre plutôt qu’en aluminium … Mais surtout, n’hésitez pas à demander autour de vous et à tester de nouvelles solutions ! C’est excitant de tenter des choses et c’est en faisant des erreurs que l’on apprend le plus (je peux en témoigner !)

Les routes de la Transition - voyage à vélo zéro déchet
©Les Routes de la Transition

J’ai noté que tu avais voyagé en France, pays où les commerces bio et le vrac sont plutôt développés. Penses-tu que cette méthode peut s’appliquer à l’étranger ? 

Je pense que cette méthode peut s’appliquer au moins en Europe de l’ouest mais il me reste à vérifier mon affirmation et je vous en tiendrai informé ! Pour le reste du monde je ne peux pas me prononcer alors à vous de jouer et de tenter l’aventure du zéro déchet !

Pour terminer, aurais-tu une anecdote à nous partager sur l’un de tes voyages à vélo ? 

Je n’ai pas d’anecdote particulière mais je voudrais partager mes impressions de nouveau voyageur. En effet, j’ai trouvé l’ambiance du voyage à vélo presque magique (je précise que je suis parti le plus souvent seul). Il y a une dimension méditative que je trouve très intéressante et cette ambiance particulière où chaque rencontre peut devenir une opportunité : en apprendre plus sur l’autre, partager ses histoires, découvrir un endroit, obtenir de l’aide ou construire une amitié durable. 

En tous cas partez ! Partez aussi longtemps et souvent que possible à la découverte de notre monde, mais partez lentement ! C’est dans la lenteur que l’on apprend le plus !

 

Où suivre tes aventures ?

Vous pouvez suivre mes aventures sur Facebook, Instagram et sur mon site web : lesroutesdelatransition.fr

À bientôt sur les routes de la transition !


Merci à Nicolas pour cette interview, nous lui souhaitons de superbes aventures en Europe ou ailleurs !

Vous voulez témoigner de votre voyage sur ce blog ? N’hésitez pas à nous contacter via le formulaire de contact ou à contact (at) un-monde-a-velo.com et dites-nous tout !

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6 Commentaires

  1. Pierre

    Super, merci pour cette interview. Je suis déjà zéro déchets au quotidien… mais pour les voyages à vélo… j’en fais un peu, mais me retrouve souvent face à des obstacles. En tout cas, pour mes futurs voyages, ça inspire et donne envie de pousser un peu plus loin encore la réflexion.

    Réponse
    • Mila

      Ah super si cet article peut aider, c’est vrai qu’en voyage à vélo, je trouve ça difficile aussi parfois. D’autant plus lorsque l’on arrive dans des pays un peu moins initiés à la question où le bio et le vrac se font rares face au tout plastique. On ne souvient notamment de la Roumanie où nous avions des difficultés à trouver ne serait-ce que des fruits ! Toutefois, dans l’ouest de l’Europe, je suis persuadée que ça fonctionne bien.
      Bonne journée,
      Mila

      Réponse
  2. Marie

    Bonjour,

    Merci pour cet article qui montre que le voyage à vélo Zéro Déchet est possible.
    Je suis bénévole à l’association Zero Waste et nous avons également une carte qui recense les commerces du réseau Mon Commerçant Zéro Déchet en France: https://www.communecter.org/network/default/index?src=https://gist.githubusercontent.com/manoncuille/785a76ac4c18e50be54ef7d6b1272910/raw/moncommercantzerodechet.json .
    On va tenter l’expérience cette année avec mon compagnon !
    Bonne journée, Marie

    Réponse
    • Mila

      Top, merci pour ta contribution Marie et pour ce complément d’infos.

      Bonne journée à toi,

      Mila

      Réponse
  3. gobois64

    Bonjour Mila !
    merci pour cet excellent article riche en astuces pour préserver notre pauvre planète. L’expérience de Nicolas nous conforte dans le souci de limiter au possible nos déchets, même (et surtout) pendant nos voyages à vélo. Je vois encore trop de cannettes, de plastique jetés dans les fossés lorsque je fais du vélo, y compris sur nos petites routes de campagne. De plus la conclusion finale de Nicolas me convient tout à fait : c’est dans la lenteur que l’on s’épanouit le plus !
    Bonne journée à toi Mila, prends soin de toi et de Denni ! Vous êtes toujours en Italie ?

    Réponse
    • Mila

      Bonjour Gérard,

      Merci beaucoup pour ton retour ! Oui, l’article de Nico est vraiment intéressant et ouvre beaucoup de perspectives en voyage. C’est vrai que les déchets jonchent pas mal les rebords des routes, et c’est pire encore dans des pays qui ont moins de moyens que nous pour faire face. Je me souviens toujours de la Roumanie où les villages n’avaient même pas de routes asphaltées et les paysans travaillaient en calèche. Les commerces étaient blindés de plastique et il n’y avait rien pour traiter ça. Quel monde compliqué !

      Nous sommes toujours en Italie oui! Heureusement que nous nous sommes créés ce petit nid douillet et que l’on a un logement. C’est déjà ça 😉

      Très bonne journée à toi également et à bientôt !

      Réponse

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