24 000 km à vélo sur les routes de la Soie : l’aventure de Martine et Dominique

par | Mis à jour le 02/02/2021 | Les voyageurs | 0 commentaires

Partir à vélo sur les mythiques routes de la Soie, c’était le rêve de Martine et Dominique. Voyageurs à vélo depuis de belles années, ils n’ont pas attendu leur retraite pour partir à l’aventure.

Inspirants, ils ont bien voulu répondre à nos questions sur leur épopée, et ce, pour notre plus grand bonheur.

Attention, après la lecture de cet article, vous risquez de tout quitter pour partir à vélo à votre tour !

Bonjour Martine et Dominique, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Nous sommes un “jeune” couple à l’aube de la retraite, maintenant presque sexagénaire, et habitons en Alsace.

Nous sommes respectivement technicien frigoriste et secrétaire trilingue.

Avec des rêves d’évasion et d’aventures plein la tête, ce sera notre rencontre, il y a fort longtemps et un premier voyage au long cours il y a plus de 30 ans qui furent déclencheurs et nous fîmes découvrir l’itinérance à vélo, à pied.

Nous aimons la vie nomade, ne pas savoir de quoi sera fait demain, prêt à toute nouvelle découverte au détour du chemin, et le sentiment de liberté qu’il procure. Nous aimons allier aventure et découverte, et apprécions avant tout nous retrouver en pleine nature et les grands espaces. Curieux, avons toujours eu envie de voir “ce qu’il y a derrière la colline”.

Découverte en chaine
© Découverte en chaine
Découverte en chaine - routes de la soie
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En 2012, vous êtes partis sur les routes de la Soie, de l’est de la France jusqu’au sud est de l’Asie, avec un retour par la Chine et la Russie. Quel beau projet ! Comment vous est venue l’idée de partir pour ce magnifique voyage au long cours ?

Effectivement, nous avons décidé en 2012 d’aller au bout de notre rêve et de ne pas attendre la retraite afin de mettre physiquement toutes les chances de notre côté et surtout pour ne pas regretter de ne pas l’avoir fait.

Nous sommes effectivement partis pendant 20 mois du pas de notre porte en Alsace, à travers l’Europe du Sud, et de l’Est pour atteindre la Turquie, puis avons poursuivi jusqu’en Asie Centrale. De là, des problèmes administratifs nous ont obligé à prendre un vol jusqu’en Inde pour poursuivre la route vers le Népal, puis l’Asie du Sud-Est avant de remonter la Chine jusqu’à Pékin et entamer le retour par la Mongolie, la Russie et l’Europe du Nord. Pour parler chiffres, ce furent 24000 km pédalés à travers 28 pays.

Après le premier voyage, le virus était installé et nous avons pas mal voyagé à vélo avec nos enfants en France et en Europe. Mais souvent, nous revenions toujours un peu frustrés des vacances à vélo… trop court ! Partir à la découverte à vélo demande du temps.

Peu à peu, nous avions envie d’aller plus loin, plus longtemps ; le projet a pris forme tout naturellement et un moment donné, c’était LE bon moment ; c’était comme une évidence.

Nous voulions partir à vélo de chez nous.

Même si un tour du monde nous tentait, nous préférions avancer et traverser les pays en prenant le moins possible l’avion.

Il était donc évident qu’il fallait partir vers l’Est et avons choisi de faire également le retour (train/vélo).

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© Découverte en chaine

Le voyage à vélo n’était pas une nouveauté pour vous avant votre départ. Vous partiez régulièrement avec vos vélos ! Qu’est-ce-qui vous plait dans cette manière de voyager ?

Lorsque nous avons découvert il y a une trentaine d’années l’itinérance à pied et à vélo lors de ce premier voyage initiatique au long cours, ce fut réellement une révélation.

En effet, depuis nous n’avons plus pu nous arrêter et avons entrainé nos enfants à des escapades régulières à vélo, mais aussi à pied.

À vélo, effort physique et lenteur se combinent

D’ailleurs, depuis, nos fils ont eux-mêmes entrepris des voyages à vélo en solo.

Ce que nous aimons dans le voyage à vélo est un mélange de sensations intenses qui nous font vibrer et vivre intensément le moment présent et surtout ressentir une liberté absolument incroyable.

Tout d’abord, nous avons un besoin vital de nous dépenser physiquement et avec le voyage à vélo tu peux allier découverte et sport. D’ailleurs nous ne nous sentons jamais aussi bien que durant un trip à vélo.

Nous aimons partir en autonomie, nous laisser aller au fil de la route, sans contrainte d’organisation au quotidien, se laisser surprendre, ne pas savoir quelle sera l’étape du soir.

Pas besoin d’aller d’un point A à un point B en passant parfois par des paysages incroyables que l’on ne peut voir qu’au travers d’une vitre de voiture ou de bus, pour découvrir un endroit ou un site particulier. Lorsque l’on voyage à vélo, la découverte est continuelle et omniprésente. On VIT le voyage à 200 % et on profite totalement des paysages

Nous aimons sortir hors des sentiers battus, se perdre sur les petites routes de campagne, débarquer dans un village et aller à la rencontre des gens.

D’ailleurs le vélo a un capital sympathie énorme et engendre des réactions positives chez les gens. Les opportunités de rencontres sont régulières et intenses.

Nous apprécions également cette lenteur qui permet de rentrer tout doucement dans le voyage.

Au fil des années, l’itinérance est devenu un réel besoin.

Globalement, comment s’est passé votre voyage ? Qu’est-ce que vous en retenez aujourd’hui ?

Nous pourrions dire que notre voyage s’est déroulé presque “comme sur des roulettes”. Pas de problème majeur à déplorer.

Les quelques problèmes administratifs, problèmes de santé sans gravité en cours de voyage, des moments de fatigue, et de conditions météo difficiles et mal aux fesses ne sont rien en comparaison de l’incroyable hospitalité et générosité que nous avons rencontré durant ces 20 mois de voyage. D’ailleurs, sans cette incroyable chaleur humaine qui nous a accompagné tout au long de la route, et malgré des paysages incroyables, ce voyage n’aurait pas été le même.

Ce que nous retenons de cette aventure, c’est surtout que le monde est bon, que la plupart des gens sont réellement formidables et généreux, partout. Ce voyage a permis de nous ouvrir aux autres, fut une belle leçon de vie et a permis d’enlever ces peurs que l’on trimballe au fin fond de soi depuis son enfance, relayées par des médias pessimistes, même si des problèmes réels existent de par le monde.

On a également énormément de chance d’être nés et d’habiter dans un pays comme la France où tout est possible.

© Découverte en chaine
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Au quotidien, comment se passait votre voyage ? Vous dormiez en bivouac, chez l’habitant, à l’hôtel ? Quel était votre budget pour pouvoir vivre au jour le jour ?

Durant ce voyage, il n’y a que la durée des visas et les saisons qui nous imposaient une contrainte. Au quotidien, nous pédalions sans nous donner d’objectif journalier, restant entièrement libre des opportunités qui se présentaient. C’est ainsi qu’une grande étape pouvait être suivie par une petite journée de pédalage lorsque nous étions arrêtés souvent pour gouter le thé ou honorer une invitation.

La moyenne de pédalage sur l’ensemble des 20 mois fut de 55 km/jour sachant que nous avons posé laissé les vélos pendant 1 mois pour marcher dans l’Himalaya.

Nous étions entièrement autonomes et dormions la plupart du temps en bivouac entrecoupées par des invitations spontanées chez l’habitant. Dans les villes, nous logions dans des guesthouses ou hôtels à petits budgets.

Nous nous étions fixé un budget de 10€/personne et par jour que nous avons à peu près respecté pour le quotidien (repas, logement, visites etc…). Les frais de visa de 1200€ ainsi que des dépenses imprévues suite casse de matériel photographique sont à rajouter.

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Comment s’est passé votre retour ? Des envies de repartir ?

C’est la deuxième expérience que nous avons d’un retour de voyage au long cours et à chaque fois, même constat : il y a une vie “avant” et une vie “après” le voyage.

Dans notre couple, le retour n’a pas été vécu de la même façon par chacun d’entre nous.

Pour Dominique, le retour à l’emploi s’est fait au bout d’une semaine sans trop de mal avec la perspective dans un futur assez proche de bénéficier de la retraite et d’une nouvelle période de liberté.

Pour moi-même, après l’euphorie du retour et des retrouvailles famille et amis, j’ai vite souffert du manque d’émulation physique et de rencontres, d’aventure au quotidien, et ai sombré tout doucement dans un spleen “post voyage”. Je ne me retrouvais plus dans cette vie. D’ailleurs, je n’ai pas pu reprendre sereinement mon emploi d’avant que j’ai quitté au bout de 2 ans, définitivement.

Dans ma tête, le voyage n’était pas terminé et des envies de repartir me taraudaient, et nous taraudent d’ailleurs toujours.

A ce sujet, nous voulons encore profiter sans attendre de notre forme physique et sommes en train de préparer un nouveau voyage à vélo pour 2019, qui n’aura de limites que celles que nous nous imposerons nous-mêmes, puisque l’heure de la retraite sonnera pour Dominique début d’année prochaine.

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui voudraient s’aventurer sur les routes de la Soie comme vous ?

Que ce soit sur les routes de la Soie, ou sur d’autres itinéraires, ou même autour de chez soi, ne surtout pas se mettre de barrières et chercher de fausses excuses. Allez au bout de vos rêves !

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Vous avez aussi réalisé un petit film sur votre voyage à vélo. Où est-ce que les internautes peuvent le voir ?

Le voyage fut tellement intense émotionnellement qu’il nous fut impossible de ne pas partager cette expérience. De plus, nous-mêmes, nous nous sommes inspirés des écrits d’autres voyageurs ; si notre expérience peut servir à d’autres, le but est atteint.

Au retour, nous avons réalisé un film d’1H30 et une version courte de 38 mn qui ont été présenté depuis 2015 dans divers festivals.

Par contre, pour l’instant, seule la bande annonce est en ligne. Nous avons encore quelques DVD de disponibles pour les personnes intéressées.

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