À tout juste 22 ans, Léna a parcouru la véloroute de la mer du Nord

par | Mis à jour le 01/02/2021 | Les voyageurs | 3 commentaires

Léna nous raconte son aventure autour de la mer du Nord via l’EuroVelo 12

Entre 2018 et 2019, Léna a parcouru, en faisant de nombreux détours, la véloroute de la Mer du nord. Un itinéraire cyclable que l’on nomme également l’EuroVelo 12. Elle nous partage sa belle expérience sur une destination qui promet d’admirer de magnifiques paysages !

Note : les photos de cet article appartiennent à Léna. Il est interdit de les reproduire sans son autorisation. 

L’aventure sur l’EuroVelo 12 de Léna : les chiffres clefs

Durée du périple 

5 mois

Km parcourus

Plus de 7000 km

9 pays traversés

France, Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Pologne, Danemark, Suède et Norvège

Types de routes

EuroVelo 12 avec pas mal de détours

Vélos utilisés 

Le Riverside de B’Twin (il s’appelle Olaf)

Poids à pousser

30kg au début, moins à la fin

L’interview !

Salut Léna, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Salut ! Je m’appelle Léna, j’ai 23 ans et je suis Lyonnaise ! Je finis des études de développement durable et je vis en Suède (ça fait quelques années que je ne vis plus en France).

Quel a été ton voyage ? Quand l’as-tu réalisé ?

De Septembre 2018 à juillet 2019, j’ai roulé 7.000 km le long de la Mer du Nord, en partant de chez ma mère à Lyon et jusqu’à Uppsala en Suède où j’ai posé mes sacoches et commencé un Master.

EuroVelo 12 par Léna

Comment t’es venue l’idée de ce voyage ?

C’est une idée qui me trottait dans la tête depuis le lycée! Quelqu’un m’en avait parlé et je m’étais dit que ça avait l’air plutôt chouette. Mais mes parents m’ont dit de finir ma licence avant de partir pour un grand voyage ou je ne retournerais jamais sur un banc d’université après un an à l’air libre! (comme quoi ils avaient tort, hehe)

Donc après l’obtention de mon diplôme, j’ai passé un mois et demi à préparer mon matos et mes cuisses, et hop!

C’était ton premier voyage ?

C’était mon premier grand voyage à vélo! Mes cousins ont fait Prénovel (dans le Jura) – Chine il y a 10 ans, donc mon projet me paraissait pas si fou que ça… Une fois que j’ai décidé de partir, ma mère m’a accompagnée sur une partie de l’EuroVelo 6, le long du Danube en Allemagne (magnifique!) et quelques jours sur la ViaRhôna, histoire de tester mon matos avant de partir.

Peux-tu nous en dire davantage sur ton itinéraire, tu es partie d’où ?

Première partie du voyage

Je suis partie de Roanne (pas vraiment moyen de sortir de Lyon vers l’Ouest en vélo malheureusement) en Septembre, et de là j’ai suivi des canaux et la Loire jusqu’à Nantes. De Nantes, je suis montée à St Malo en passant faire la bise à ma famille bretonne (ça aide vraiment pour le moral!), et de St Malo j’ai pris le ferry vers Portsmouth, en Angleterre.

De là, j’ai mis deux jours à rallier Londres en arrivant le long de la Tamise! (Idée petit voyage: Roanne – Londres, c’est 10 jours et très scénique!) J’habitais à Londres avec mon partenaire, donc j’y ai passé quelques jours avant de prendre le train jusqu’à Aberdeen puis le ferry jusqu’aux îles Shetland, le point de départ de l’EuroVelo 12!

Je suis arrivée dans une énorme tempête et après avoir tenté quelques kilomètres j’ai renoncé par peur de me retrouver bloquée au milieu de nulle part avec seulement quelques jours d’autonomie alimentaire. Donc j’ai raccourci mon itinéraire et j’ai repris le ferry le lendemain, toujours dans le vent et la pluie. Puis d’Aberdeen, j’ai roulé vers le Sud en suivant la côte, avec des petits détours pour aller voir certaines villes comme Durham.

J’ai découvert des petits bijoux de villes: York, Norwich… J’ai aussi commencé à oser à m’éloigner un peu de mon itinéraire et demander des conseils d’itinéraires aux cyclistes locaux que je croisais. Je suis arrivée à Londres fin octobre et j’ai fait une pause hivernale chez moi.

Seconde partie du voyage

Puis fin mars je suis repartie et j’ai pris le ferry de Douvres à Dunkerque, puis j’ai roulé le long de la côte (et du Mur de l’Atlantique) en Belgique et aux Pays-Bas. Aux Pays Bas, je suis montée jusqu’à l’île de Texel puis j’ai pris l’Afsluitdijk et traversé la Frise pour rejoindre l’Allemagne. De là, je suis montée à Hambourg puis j’ai quitté l’EV12, traversé l’Allemagne jusqu’à la côte Est et je suis entrée au Danemark. J’ai suivi la côte Est jusqu’à Kolding puis j’ai roulé jusqu’à Copenhague où ma mère m’a rejointe pour rouler jusqu’à Goteborg sur la Kattegattleden.

Puis de là, je suis montée jusqu’à Oslo. De Oslo, j’ai pris le train jusqu’à Bergen où j’ai rejoint ma mère et mon beau-père pour rouler les fjords entre Bergen et Stavanger! Puis depuis Oslo, j’ai traversé la Suède en large (en vélo + train) pour rejoindre Uppsala. Donc c’était juste un déménagement!

EuroVelo_route 12 - ©wikipedia

Si j’ai bien compris, tu as plus ou moins suivi l’EuroVelo 12 ? L’itinéraire était bien développé, bien signalisé ?

En fait l’EuroVelo 12 est un tracé proposé mais pas officiellement ouvert, donc non. Sur certains pays comme le Royaume Uni ou la Belgique, il suit le tracé de routes cyclables nationales donc dans ce cas c’est facile. Dans d’autres pays, mieux vaut anticiper un peu son itinéraire. Par contre, on peut quasiment toujours trouver une solution avec le réseau national ou régional dans ces pays là. En Norvège, c’est un peu la galère et il vaut mieux avoir une bonne carte.

En tant que femme solo, as-tu ressenti que ton voyage était différent ?

Avant mon départ, il y a eu peu de réticences de ma famille ou de mes amis qui me savent une baroudeuse. Et puis, j’ai roulé en Scandinavie, peu réputée pour son danger. En route par contre, j’ai rencontré des surpris! C’est vrai que “mais t’as pas peur?” est une question que j’ai beaucoup entendue… Mais je me sentais en sécurité, déjà parce que j’ai habité dans la plupart des pays que j’ai traversé et que je parlais donc la langue, mais aussi parce que je n’ai jamais eu une réponse négative les quelques fois où j’ai pu demander un coup de main ou un conseil. 

D’ailleurs, au contraire, j’ai fait beaucoup d’hébergement spontané chez des locaux que je ne connaissais pas et je pense que le fait d’être un femme solo a contribué à me faire héberger!  

Quels ont été tes coups de coeur pendant ce voyage sur l’EuroVelo 12 

Un de mes gros coups de cœurs a été mes hébergements! Je suis beaucoup passée par le réseau de WarmShowers. Mes tous premiers hôtes à Edinburgh, des familles en Allemagne, des amis (et des amis d’amis) sur ma route…

En Allemagne, un matin, j’ai commencé à papoter avec un sénior qui allait chercher son pain à vélo et qui allait dans la même direction que moi (et curieux de savoir pourquoi j’avais tant de sacoches!). Je lui ai dit que je comptais passer la frontière danoise en fin de journée et il m’a dit que ‘oh mais mon fils habite dans le coin, je vous donne son numéro, il vous hébergera’! Et oui, il m’a accueillie dans sa famille pour la nuit, sans me connaître.

En Norvège, on a fini une journée dans un tout petit village en bord de mer ou une famille nous a proposé leur (plutôt grande) cabane de pêcheurs pour dormir puis nous ont apporté des brownies et ont passé la soirée avec nous. 

Comment était le terrain pendant ton aventure ? C’était plutôt facile d’accès ou difficile ?

Aucun souci, j’ai des fois roulé sur des chemins de terre mais c’était par choix et il y avait des alternatives. Donc plutôt facile d’accès. Certaines parties de mon itinéraire étaient bien dénivelées: l’Ecosse, la Norvège mais aussi plus surprenant, le sud du Danemark vers Sonderborg! Et un bon vent contre pendant 7.000km. 

Terrain EV12
Interview Léna - EV12

Concrètement, comment ça se passait au quotidien pour toi ? 

J’ai campé pour la plupart de mon voyage, au milieu de nulle part ou dans le jardin de locaux. J’ai très peu planifié mon voyage; seulement quand j’avais été sous la pluie/grêle/neige et que j’avais besoin de sécher ou quand j’avais besoin de lessive et de la compagnie chez des hôtes WarmShowers. 

Pareil pour mon itinéraire: en général, je demandais des conseils d’itinéraires aux locaux (qui savent toujours!). Je récupérais des cartes gratuites dans les offices de tourisme puis je les échangeais aux cyclotouristes que je croisais. 

Pour le ravitaillement, c’était un mélange de marchés, supermarchés, petits commerces… J’ai un mode de vie zéro déchet, donc je regardais en avance si la ville que j’allais traverser avait une épicerie zéro déchet pour limiter mes déchets. Et je complétais souvent mes emplettes avec des plantes sauvages et des baies croisées en route. Même en Ecosse ou dans les montagnes norvégiennes, il y avait toujours un hameau quelque part dans la région, donc à part aux Shetlands, je n’ai jamais eu peur de ne plus avoir de nourriture. 

Et niveau budget, tu t’en es sortie ? La Scandinavie est plutôt réputée chère, tu confirmes ? 

Je n’ai pas de chiffres en tête mais je sais que ma plus grosse dépense a été l’investissement dans mon matériel. En Scandinavie, la nourriture est un peu chère si on veut sortir, manger au restaurant… mais la nourriture ‘de base’ (pâtes, lentilles, pain…) n’est pas si chère que ça.

Puis, à la période où j’y étais (Juin-Juillet), mes itinéraires regorgeaient de cerises, groseilles, myrtilles, framboises, chou de mer, ciboulette sauvage, pulmonaire… Donc en campant et en étant curieux (encore une fois, il faut demander aux locaux – et tout revérifier bien entendu-), on s’en sort bien! 

As-tu des conseils à donner pour celles et ceux qui voudraient suivre tes traces ?

  • Être préparé(e) à affronter le vent!
  • Un petit repair kit et une protection pluie (pantalon+ haut+chaussures) – et une ahdésion aux auberges de jeunesse.
  • Un autre conseil: essayez de vous faire héberger spontanément par des locaux, ça crée des rencontres et des discussions incroyables!
Highlands - Ecosse EV12

Tu avais quel vélo pour ce voyage ?

J’avais le Riverside de Décathlon, qui allait très bien pour les parties plates mais un peu lourd pour les Southern Uplands et la Norvège. Un vélo de route aurait été plus adapté pour les parties à dénivelé, mais il faut partir plus léger!

Pour terminer, aurais-tu une anecdote à nous partager sur ce voyage ?

Hahaha j’en ai quelques unes! Une de mes préférées est la trilogie P.  À Amsterdam, j’ai été hébergée par Maarten sur le réseau WarmShowers. Il a passé quelques heures à m’aider à tracer mon itinéraire, puis a  réalisé que ses deux frères habitaient sur mon parcours. Maarten a roulé avec moi toute la matinée, et deux jours plus tard, j’ai dormi chez Gerben à Leeuwarden, puis le lendemain chez Kiempe à Groningen! J’ai donc rencontré les trois frères qui m’ont hébergée à tour de rôle, une belle chaîne de solidarité néerlandaise! 

 (fun fact sur Groningen, ça se prononce pas du tout comme ça s’écrit). 

Où suivre tes aventures ?

J’ai une page facebook, qui n’est plus active vu que je ne voyage pas en ce moment mais je repartirai sûrement un de ces jours : Léna à Bicyclette !


On te le souhaite de tout coeur Léna. Merci à toi pour cette belle 
interview et cette découverte de la Mer du Nord !

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3 Commentaires

  1. Aurélie

    Quelle belle aventure ! Cela fait rêver… et donne envie de faire la même chose 😉 Merci pour le partage !

    Réponse
    • Mila

      Bonjour Aurélie,
      Oui, c’est une sacrée aventure qu’a fait Léna ! La mer du Nord fait rêver désormais 🙂

      Réponse
  2. gobois64

    Bonjour Mila !
    merci pour ce voyage de Lena en cette pluvieuse journée. Vivement la fin du confinement et le retour des beaux jours 🙂 Ici la santé est bonne et j’espère qu’il en est de même pour toi et Denni. Bonne journée à vous deux et A+ !

    Réponse

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